Une question essentielle

Quelle convergence entre l’ascète yogi tibétain Milarepa et Madame Guyon, la grande mystique chrétienne ? entre Ramana Maharshi et le célèbre soufi Al-Hallâj ? Quel dénominateur commun à ces êtres hors de l’ordinaire qui, de façons apparemment tellement différentes, ont gravi les échelons menant à la réalisation ultime ? Ne s’agit-il pas d’une question de la plus haute importance ? s’interroger sur ce qu’est le cœur d’une pratique ?

Beethoven: l’Amour de l’humanité

» Divinité, tu vois d’en haut au fond de moi, tu sais que l’amour de l’humanité et le désir de faire du bien m’habitent. »

 » Je ne reconnais en aucun être humain d’autre signe de supériorité que la bonté — là où je la trouve, là est mon foyer. »

Beethoven écrit à  Bettina Brentano :  » La musique est une révélation supérieure à toute sagesse et à toute philosophie…Les artistes sont de feu, ils ne pleurent pas… Celui qui a compris ma musique une fois, celui-la doit se faire libre de toutes les misères où les autres se trainent. »

Et, à  propos de lui,  Bettina Brentano a écrit: « Pour tout ce qui regarde l’art, il est tellement un seigneur et si vrai qu’aucun artiste ne peut en approcher. Mais, dans le reste de sa vie, sa distraction est un objet de risée et il est si naïf qu’on peut lui faire faire ce qu’on veut.  « 

Alexandre Jollien (Vidéo) Sur le chemin de Bouddha

Extrait de la conférence d’Alexandre Jollien du 15 avril 2010
Sur le chemin de Bouddha, à la recherche des antidotes.
« Un mot peut-être sur la parole juste: C’est s’abstenir non seulement de mentir, mais d’exagérer et de blesser. C’est s’abstenir de vanter l’autre, de critiquer l’autre.
Il y a de quoi faire.  »

Grégoire Palamas (Mont Athos) :

« La conversion de l’esprit vers lui-même consiste à se garder lui-même…

Celui qui persévère dans cette concentration de l’esprit et cet essor vers Dieu, en contenant énergiquement les évasions de sa pensée, s’approche intérieurement de Dieu, entre en possessions de biens ineffables…

Garder l’esprit et joindre la prière à cette garde : cela n’est pas tellement difficile. Mais persévérer longtemps dans cet état générateur d’ineffable, c’est la difficulté même. Le labeur de toute autre vertu est insignifiant et léger en comparaison. Voilà pourquoi beaucoup renoncent …


… Prenez quelqu’un qui, par son assiduité à la prière ait purifié l’acte de son esprit, ait connu une illumination partielle, () s’il s’estime pour cela purifié, il s’abuse et, par sa présomption, ouvre la porte toute grande à celui qui n’attend qu’une occasion pour le duper.
Si, au contraire, il mesure l’impureté de son coeur et qu’au lieu de s’élever pour cette pureté partielle, il s’en fait un moyen et un auxiliaire, il verra plus nettement l’impureté des autres puissances de l’âme,

il progressera dans l’humilité () et découvrira les remèdes appropriés à chaque puissance de l’âme () ; cet itinéraire le conduira à la pureté parfaite, vraie, stable de coeur et d’esprit.

Nul n’y saurait atteindre que par la perfection de l’action, de la perpétuelle contrition, de la contemplation et de la prière contemplative.
Grégoire Palamas (1296-1319)


Alexandre Jollien : Vidéo – L’abandon de soi

Philosophe écrivain

JT 13h France2 – Interview d’Alexandre Jollien par Élise Lucet

Vidéo


Shurangama Sutra

131)«Honoré du Monde, je me rappelle qu’il y eut dans le monde, il y a autant d’éons qu’il y a de grains de sable dans le Gange, un Bouddha appelé Celui qui Contemple les Sons du Monde. J’ai pris la résolution de Bodhi alors que j’étais en compagnie de ce Bouddha, qui m’a enseigné à entrer en samadhi au moyen d’un processus d’écoute et de réflexion.

 131-132 «Au départ, je suis entré dans le flot de l’écoute et j’ai oublié l’endroit où j’étais entré. Comme autant cet endroit que l’entrée étaient calmes, les deux attributs de mouvement et d’immobilité se sont annulés mutuellement et n’ont pas surgi. Après quoi, en avançant graduellement, l’écoute et ce qui était entendu ont disparu tous deux. Une fois que l’écoute eût pris fin, il n’y avait plus rien à quoi se fier, et autant la conscience que ses objets devinrent vides. Lorsque la vacuité de la conscience eut été ultimement parfaite, la vacuité et ce qui était vidé cessèrent également d’être. Lorsque la naissance et la cessation eurent disparu, la tranquillité fut révélée.

 134 «Soudain, j’ai transcendé le mondain et le transcendantal, et une parfaite clarté a prévalu à travers les dix directions. J’ai obtenu deux états suprêmes.

 134 «Tout d’abord, j’ai fait l’union au-dessus avec l’esprit merveilleusement éveillé fondamental de tous les Bouddhas des dix directions, et j’en ai tiré une force de compassion égale à celle de tous les Bouddhas, Ainsi-Venus.

 134 «En second, j’ai fait l’union en dessous avec tous les êtres dans les six voies, et j’en ai tiré un regard bienveillant pour tous les êtres sensibles.

 135-136 «Honoré du Monde, parce que j’ai servi et que j’ai fait des offrandes à l’Ainsi-Venu qui Contemple les Sons du Monde, j’ai reçu de cet Ainsi-Venu une transmission du Vajra-Samadhi de Tous les Etres qui sont comme une Illusion lorsqu’on est Plongé dans l’Ecoute et qu’on Cultive l’Ecoute. Parce que j’ai acquis une force de compassion égale à celle de tous les Bouddhas, les Ainsi-Venus, j’ai atteint trente-deux corps de réaction et j’ai pénétré toutes les terres.

 136-137 «Honoré du Monde, si les Bodhisattvas entrent en samadhi et progressent dans leur culture jusqu’à ce qu’ils mettent fin aux écoulements et qu’ils montrent la perfection de leur entendement supérieur, j’apparaîtrai sous la forme d’un Bouddha et je leur exposerai le Dharma, faisant en sorte qu’ils atteignent la libération.

 137 «Si ceux qui étudient sont tranquilles et ont une merveilleuse clarté et montrent la perfection de leur magnificence supérieure, je leur apparaîtrai sous la forme d’un Eveillé en Solitaire et je leur exposerai le Dharma, faisant en sorte qu’ils atteignent la libération.

 138 «Si ceux qui étudient on rompu les douze conditions causales, et, ayant rompu ces conditions, révèlent une nature suprême, et montrent la perfection de la magnificence, je leur apparaîtrai sous la forme d’un Eveillé aux Conditions et je leur exposerai le Dharma, faisant en sorte qu’ils atteignent la libération.

Shurangama Sutra 5.129–138

Edouard Salim Michael – L’existence terrestre en tant que moyen indispensable de transformation

La vie telle qu’elle est, avec tous ses problèmes, ses incertitudes et ses souffrances, offre à l’être humain le moyen indispensable et l’unique opportunité d’apprendre à se conduire d’une manière juste et noble, ainsi que la possibilité de se sublimer à travers ces difficultés mêmes.

Après la mort, les conditions nécessaires à sa transformation n’existeront plus.

Sans ces rudes épreuves, il lui est ordinairement impossible d’évoluer vers les plans supérieurs de son être, tout comme il est impossible de créer une coupe d’or étincelante si elle n’est pas d’abord passée par le feu.

Edouard Salim Michael La voie de la vigilance Intérieure Chp 18

Héraclite – Plotin : Le Tout et le non-être

L’être humain doit être en éveil permanent pour répondre à l’appel divin qui se renouvelle à tout instant.  Héraclite

« Dieu est là, présent à qui peut le toucher, absent pour qui en est incapable  »   Plotin

« Et pourtant, déjà auparavant, tu étais Tout, mais parce que, précisément, quelque chose s’était ajouté à toi en plus du Tout, tu étais devenu moindre que le Tout par cette addition même. Car cette addition n’était pas une addition appartenant à l’ordre du Tout  (qu’ajouterait-on en effet à ce qui est Tout ?), mais une addition qui était addition de non-être.

Devenu « quelqu’un », et précisément par une addition de non-être, on n’est plus le Tout, sauf si l’on rejette le non-être . Tu t’agrandis donc en en rejetant tout ce qui est autre que le Tout et, si tu rejettes cela, le Tout te sera présent.

Mais, s’il t’est présent lorsque tu rejettes cela, et s’il ne t’apparaît pas lorsque tu restes avec les choses particulières, c’est que le Tout n’a pas besoin de venir pour être présent : s’il n’est pas présent, c’est que c’est toi qui t’es éloigné. Et si tu t’es éloigné, ce n’est pas de lui que tu t’es éloigné alors — car il est toujours présent — mais, alors qu’il est présent, tu t’es tourné dans la direction opposée. « (Ennéades, traduction Pierre Hadot, Plotin ou la simplicité du regard folio essais p. 68)

Le père Paul de la Croix : (vidéo) Seul avec le Seul

Le père Paul de la Croix, de l’ordre des capuçins a choisi la vie d’ermite dans la montagne suisse, il y a vingt sept ans, pour se consacrer tout entier à son engagement spirituel et vivre « seul avec le Seul ». Il a quitté ce monde depuis ce reportage.

Lankavatarasutra : La Réalité est béatitude mystique où le langage n’a nul accès

Les mots dépourvus de substance ne font qu’égarer les ignorants. Ce qu’ils expriment n’est pas la Réalité Suprême, car la Réalité est béatitude mystique où le langage n’a nul accès. Pour l’atteindre, il faut parvenir à l’intériorité grâce à la connaissance mystique, et ce n’est pas du domaine de l’intelligence différenciatrice propre à la parole.

On appelle Éveil la connaissance (sapience) de caractère réel, qui correspond au samadhi du vide, et par laquelle sont connues l’Ainsité, l’Essencéité, l’Ultime Réalité ; c’est cette sapience de Réalité qui est dite Éveil

Cette bouddhéité est inconcevable, éternelle, bienheureuse, paisible, omnipénétrante comme l’espace, sans différenciation ni attachement, cette bouddhéité immaculée est suprême.

Comme la pure conscience devient le principe de toute évolution quand elle est à la racine de la conscience conditionnée qui pose le moi, l’ignorant ne peut comprendre ce qu’elle est ; même un boddhisattva ne la comprend pas intégralement ; seul un Tathagata (Bouddha) sait de quelle manière l’Ainsité devient impure, conditionnée. Lui seul peut saisir l’insondable mystère d’une conscience immuable et pure apparaissant souillée et s’identifiant à l’expérience temporelle qu’elle engendre, lui seul sait comment l’absolu n’étant plus reconnu, l’ignorance surgit.

Prajnaparamita : La parfaite sagesse est-elle au delà de la pensée ?

Subhuti demanda :

– La parfaite sagesse est-elle au delà de la pensée ? Est-elle inconcevable et totalement unique en son genre, capable pourtant de toucher à l’intangible et d’atteindre l’inaccessible ?

Le Bouddha répondit :

– Oui, Subhuti, c’est tout à fait cela. Et pourquoi la parfaite sagesse est-elle au delà de la pensée ? Parce qu’aucun de ses points de référence ne peut être pensé, mais l’esprit peut les percevoir. L’un d’eux est la disparition dans la pure présence de la conscience de soi. Un autre est le simple éveil à la réalité. Un autre, la connaissance de l’essence dénuée d’essence de toutes choses au monde. Et un autre encore, la connaissance lumineuse qui connaît sans connaisseur. Aucun de ces points ne peut alimenter la pensée ordinaire, car ils ne sont ni objets ni sujets. Aucun des modes de la pensée ordinaire ne peut les imaginer, ni les toucher, ni les approcher en aucune manière, c’est pourquoi ils sont au delà de la pensée.

Prajnaparamita