Une question essentielle

Quelle convergence entre l’ascète yogi tibétain Milarepa et Madame Guyon, la grande mystique chrétienne ? entre Ramana Maharshi et le célèbre soufi Al-Hallâj ? Quel dénominateur commun à ces êtres hors de l’ordinaire qui, de façons apparemment tellement différentes, ont gravi les échelons menant à la réalisation ultime ? Ne s’agit-il pas d’une question de la plus haute importance ? s’interroger sur ce qu’est le cœur d’une pratique ?

Upasika Kee Nanayon : Les pollutions mentales

Beaucoup de gens sont gênés de parler de leurs propres défauts mais n’ont aucune gêne à parler des défauts des autres. Ceux qui sont prêts à admettre leurs problèmes – ces pollutions mentales qui obscurcissent leur esprit – de manière simple et directe, sont très peu nombreux. En conséquence, la maladie des pollutions mentales est tue, gardée secrète, de sorte que nous ne réalisons pas à quel point elle est grave et étendue. Nous en souffrons tous et pourtant personne ne veut en parler ouvertement. Personne n’essaie vraiment de diagnostiquer ses propres pollutions mentales…

Nous devons trouver une stratégie intelligente si nous voulons éradiquer cette maladie et nous devons pouvoir aborder le sujet ouvertement, reconnaître nos défauts, depuis le plus évident jusqu’au plus subtil, en les disséquant jusque dans leurs plus petits détails. Ce n’est qu’alors que nous bénéficierons de notre pratique. Si nous nous observons de manière superficielle, nous penserons peut-être que nous sommes très bien tels que nous sommes, que nous savons déjà tout ce que nous avons besoin de savoir. Mais quand les pollutions mentales se déchaînent sous forme de colère ou d’incompréhension, nous prétendons que tout va bien… et c’est ainsi que les pollutions mentales deviennent une maladie cachée, difficile à saisir, difficile à diagnostiquer…

Nous devons être forts pour repousser les pollutions mentales, les désirs et toutes les formes d’ignorance de la réalité. Nous devons éprouver notre force face à eux et les assujettir. Si nous pouvons les assujettir, nous pouvons les dominer. Sinon, ce sont eux qui nous domineront, qui nous mettront à la tâche, nous mèneront par le bout du nez, nous créeront des désirs et nous épuiseront de toutes sortes de manières.

Alors, sommes-nous encore des bêtes de somme ? Sommes-nous des bêtes de somme parce que les pollutions mentales nous dominent ? Ont-elles mis un anneau autour de nos naseaux ? Quand nous en arrivons au point où nous n’en pouvons plus, nous devons nous arrêter ; nous arrêter et observer les pollutions mentales pour voir comment elles apparaissent, ce qu’elles veulent, de quoi elles se nourrissent, ce qu’elles aiment. Faites-en votre passe-temps favori : regardez les pollutions mentales et affamez-les, comme une personne qui se libère d’une accoutumance… Voyez si les pollutions mentales en sont perturbées. Sont-elles affamées au point de saliver ? Alors, ne les laissez pas manger. Quoi qu’il arrive, ne les laissez pas prendre cette drogue qu’elles désirent tant. Après tout, il y a beaucoup d’autres choses à manger. C’est ainsi que vous devez être dur avec elles, dur avec ce « moi ». « Tu as faim ? Eh bien, continue à avoir faim ! Tu vas mourir ? Très bien ! Tu peux mourir ! » Si vous parvenez à maintenir cette attitude, vous serez capable de vous libérer de toutes sortes d’accoutumances, toutes sortes de pollutions mentales, parce que vous n’êtes pas esclave du désir, vous ne nourrissez pas le désir qui se délecte des choses matérielles.

Il est temps que vous arrêtiez, temps que vous cessiez de nourrir ces tendances. Si elles flétrissent et meurent, laissez-les mourir ! Après tout, pourquoi voudriez-vous qu’elles restent bien grasses et bien nourries ?

Quoi qu’il en soit, vous devez maintenir la pression sur vos désirs et vos pollutions mentales jusqu’à ce qu’ils s’épuisent et disparaissent. Ne les laissez pas redresser la tête, gardez-les sous votre emprise. Telle est la pratique claire et directe que vous devez suivre. Si vous êtes persévérant, si vous menez une lutte constante jusqu’à ce que toutes les pollutions aient disparu, ce sera la plus belle des victoires ; aucune victoire ne peut se comparer à la victoire sur les désirs et les pollutions de notre esprit et de notre cœur.

C’est pourquoi le Bouddha nous a appris à traquer les pollutions mentales dans toutes nos activités, que nous soyons assis, debout, en train de marcher ou couchés. Si nous ne le faisons pas, ce sont elles qui nous traqueront dans toutes nos activités…

Si vous observez les choses attentivement, vous verrez que les enseignements du Bouddha sont tous parfaitement exacts, aussi bien quand ils nous disent d’examiner la maladie des pollutions mentales que quand ils nous disent de lâcher, de détruire et d’éliminer ces pollutions. Toutes les étapes sont là, nous n’avons donc pas à aller étudier autre part. Tous les points de son enseignement nous montrent la voie ; inutile donc de nous demander comment faire pour examiner ces maladies et les éliminer. Cela devient mystérieux et compliqué seulement si vous étudiez ces enseignements sans faire le lien avec la libération de vos propres pollutions mentales. Les gens n’aiment pas parler de leurs propres pollutions et le résultat en est qu’ils restent complètement ignorants. Ils vieillissent et meurent sans rien savoir de leurs propres pollutions mentales.
Quand nous commençons à pratiquer, quand nous commençons à comprendre comment les pollutions mentales brûlent notre cœur, c’est là que nous en venons, peu à peu, à nous connaître nous-mêmes. Comprendre la souffrance et les pollutions mentales, et apprendre comment y mettre fin, nous donne de l’espace pour respirer…

Apprendre comment éteindre les feux des pollutions mentales, comment les éliminer, signifie que nous avons des outils. Nous pouvons avoir confiance en nous : pas de doutes, pas d’hésitations sur la voie de la pratique, parce que nous sommes sûrs de voir qu’en pratiquant ainsi, en contemplant l’impermanence, la souffrance et le non-soi de cette manière, à tout moment, nous sommes vraiment débarrassés de nos pollutions mentales.

Il en va de même pour la vertu, la concentration et la sagesse. Ce sont nos outils – et nous en avons bien besoin ! Nous avons besoin de la sagesse qui vient avec la vision juste des choses, et de la vertu qui vient avec l’autodiscipline. La vertu est très importante. La vertu et la sagesse sont comme notre main droite et notre main gauche. Si une de nos mains est sale, elle ne peut pas se laver toute seule. Il nous faut les deux mains pour avoir les deux mains lavées et propres. Ainsi, là où il y a vertu, il faut qu’il y ait sagesse ; là où il y a sagesse, il faut qu’il y ait vertu. La sagesse est ce qui vous permet de prendre conscience, tandis que la vertu est ce qui vous permet de lâcher prise, d’abandonner, de détruire vos dépendances. La vertu, ce n’est pas seulement suivre cinq ou huit préceptes, vous savez. Elle doit être à l’œuvre dans les moindres détails. A chaque fois que votre discernement, votre sagesse, vous indique qu’une chose est cause de souffrance, vous devez vous arrêter, vous devez lâcher cette chose.

La vertu peut s’affiner et se préciser. Lâcher prise, abandonner, renoncer, s’abstenir, couper et détruire : tout cela est affaire de vertu. C’est la raison pour laquelle vertu et sagesse doivent aller de pair, exactement comme notre main droite et notre main gauche doivent s’entraider. Elles s’entraident à laver définitivement les pollutions mentales. C’est alors que notre esprit peut devenir centré, clair et lumineux. Les bienfaits de ce travail se manifestent au niveau de l’esprit. Si nous n’avons pas ces outils, c’est comme si nous n’avions ni mains ni pieds : nous ne pourrions arriver à rien. Nous devons utiliser ces outils, vertu et sagesse, pour détruire les pollutions mentales. C’est alors que notre esprit en bénéficiera.

C’est pour cette raison que le Bouddha nous a enseigné à nous entraîner constamment à développer la vertu, la concentration et la sagesse. Nous devons garder la forme en nous entraînant ainsi. Si nous ne maintenons pas l’entraînement comme nous le devrions, nos outils pour éradiquer la souffrance et les pollutions mentales ne seront pas aiguisés, ils ne serviront pas à grand-chose. Ils ne pourront pas se mesurer aux pollutions de l’esprit. Celles-ci ont des pouvoirs monstrueux pour dévaster l’esprit en un clin d’œil. Imaginons une situation où notre esprit est calme et neutre : le plus petit contact sensoriel peut y allumer un véritable incendie instantanément, pour peu que ce contact éveille une grande joie ou un grand mécontentement. Pourquoi ?

Les contacts sensoriels sont le moyen d’évaluer la fermeté ou la faiblesse de notre attention. La plupart du temps, ils sont perturbants. Dès qu’un contact s’établit par les yeux ou les oreilles, les pollutions mentales se précipitent. Dès lors, comment garder le contrôle de la situation ? Comment allons-nous obtenir le contrôle de nos yeux ? Comment obtenir le contrôle de nos oreilles, de notre nez, de notre langue, de notre corps et de notre mental ? Comment faire pour qu’ils soient gardés par l’attention et la sagesse ? C’est purement et simplement une question de pratique. C’est notre tâche : nous mettre à l’épreuve en voyant comment et pourquoi les pollutions mentales s’enflamment si vite quand un contact sensoriel se produit.

Imaginons, par exemple, que vous entendiez quelqu’un critiquer quelqu’un d’autre : vous l’écoutez sans être perturbé ; mais si vous réalisez soudain que c’est de vous qu’il s’agit, cela éveille un fort sentiment de « moi » et vous êtes aussitôt furieux et fâché. Si vous mobilisez beaucoup de ce « moi », vous pouvez être très indigné. Ce simple fait devrait nous permettre d’observer que, dès que notre moi est concerné, nous souffrons. C’est ainsi que cela se passe. Si aucun sentiment de « moi » n’intervient, nous pouvons rester calmes et indifférents. Quand nous entendons critiquer les autres, nous pouvons très bien rester indifférents mais, dès que nous pensons qu’il s’agit de nous, notre moi apparaît, il s’investit totalement… et nous brûlons aussitôt sous l’effet des pollutions mentales. Pourquoi ?

Nous devons étudier cela de près ; voir que, dès que notre « moi » s’éveille, la souffrance apparaît instantanément. Voyez qu’il se passe la même chose même si vous ne faites que penser : le « moi » que vous réveillez par la pensée se diffuse dans toutes sortes de problèmes. L’esprit s’éparpille partout avec les pollutions mentales, les désirs et les attachements. Il y a très peu d’attention et de discernement pour veiller sur lui, de sorte qu’il se laisse entraîner dans toutes les directions par le désir et les pollutions mentales.

Et pourtant, nous ne voyons rien. Nous croyons que nous allons très bien. Y a-t-il une personne parmi nous qui réalise ce qui se passe ? Nous sommes trop alourdis, alourdis par notre mauvaise compréhension de la réalité. Notre esprit a beau être tourmenté par la pollution de l’ignorance, nous ne le voyons pas car cette pollution nous rend sourds et aveugles…

Il n’y a pas d’outils matériels pour détecter ou soigner cette maladie des pollutions mentales parce qu’elle n’apparaît qu’avec le contact sensoriel. Elle n’a pas de substance réelle. C’est comme une allumette dans une boîte. Tant qu’elle n’est pas frottée sur le côté de la boîte, elle ne s’enflamme pas. Mais dès qu’on la frotte, elle prend feu. Si elle s’éteint tout de suite, tout ce qui aura brûlé sera la pointe de l’allumette. Si la flamme ne s’arrête pas à la pointe, elle brûlera toute l’allumette. Si elle ne s’arrête pas à l’allumette et qu’elle entre en contact avec quelque chose d’inflammable, elle peut créer un énorme incendie.

Quand une pollution apparaît dans l’esprit, elle commence au plus léger contact. Si nous parvenons à l’arrêter tout de suite, c’est comme frotter une allumette : elle s’enflamme une seconde et puis s’éteint tout de suite. La pollution mentale peut se dissiper ici même. Mais si nous ne l’éteignons pas à l’instant même où elle apparaît et que nous la laissons échafauder des problèmes, c’est comme jeter de l’huile sur le feu.

Il faut que nous observions les maladies que causent les pollutions dans notre esprit pour en connaître les symptômes et voir pourquoi elles s’enflamment aussi vite. Elles ne supportent pas d’être échauffées. Dès l’instant où vous les échauffez, elles s’enflamment. Dans ce cas, que pouvons-nous faire pour nous y préparer ? Comment emmagasiner de l’attention avant que les contacts sensoriels ne frappent ?

Pour emmagasiner de l’attention, il faut pratiquer la méditation, comme lorsque nous sommes attentifs à la respiration. C’est ce qui prépare notre attention et nous permet d’avoir une longueur d’avance sur les pollutions mentales, d’éviter qu’elles apparaissent tant que nous avons notre sujet de méditation comme protection intérieure de l’esprit.

La protection extérieure de l’esprit, c’est le corps qui se compose d’éléments physiques mais sa protection intérieure, c’est le sujet de méditation que nous utilisons pour entraîner l’attention à être concentrée et présente. Quel que soit notre sujet de méditation, c’est lui qui est la protection intérieure de l’esprit, celle qui lui évite de vagabonder, de fabriquer des pensées et des images. C’est pourquoi nous avons besoin d’un sujet de méditation. Ne laissez pas l’esprit courir après ses préoccupations comme le font les gens qui ne méditent pas. Une fois que nous avons un sujet de méditation pour piéger cet esprit vagabond, pour qu’il soit de moins en moins obstiné, il se calmera jour après jour jusqu’à pouvoir rester stable pendant des périodes de temps plus ou moins longues selon comment nous nous entraînons et nous nous observons.

Extrait de Pure et simple : Les enseignements extraordinaires de Kee, humble pratiquante bouddhiste

Le Nirvana et le Samsara sont-ils une seule et même chose ? Huxley La philosophie éternelle

Que le Nirvana et le Samsara soient une seule et même chose, c’est là un fait touchant la nature de l’Univers ; c’est un fait dont ne peuvent se rendre compte pleinement et que ne peuvent éprouver par expérience directe que les âmes fort avancées en spiritualité. Que des gens ordinaires, convenables et non régénérés, acceptent cette vérité par ouï-dire, c’est simplement pour eux aller au devant d’un désastre…

La nature et la grâce, le Samsara et le Nirvana, la mort perpétuelle et l’éternité, ne sont réellement et par expérience une même chose, que pour les personnes qui ont rempli certaines conditions. Fac quod vis (fais ce que tu veux) dans lemonde temporel — mais seulement quand tu auras appris l’art infiniment difficile d’aimer Dieu de tout ton esprit et de tout ton cœur, et ton voisin comme toi-même.

Les évangiles sont parfaitement clairs quant au processus par lequel, et par lequel seul, quelqu’un peut gagner le droit de vivre  dans le monde comme s’il y était chez lui : il faut qu’il fasse un renoncement total au moi, qu’il se soumette à une mortification complète et absolue.

Les pharisiens ont reproché à Jésus d’être venu en « mangeant et en buvant », et accompagné de « publicains et de pécheurs »; ils ont passé sous silence, ou n’ont pas connu, le fait que ce prophète apparemment séculier avait, à un certain moment, rivalisé d’austérités physiques avec saint Jean Baptiste, et pratiquait les mortifications spirituelles qu’il prêchait avec tant de cohérence.

Le modèle de la vie de Jésus ressemble essentiellement à celui du sage idéal, dont la carrière est exposée dans les « Images du Bouvier », si répandues parmi les bouddhistes zen.

Le bœuf sauvage, qui symbolise le moi non régénéré, est capturé; on l’oblige à changer de direction, on le dresse, et il est transformé peu à peu de noir en blanc. La régénération va si loin que, pendant un certain temps, le bœuf est complètement perdu, de sorte qu’il ne reste rien à représenter, que la lune: figurée pleine, symbolisant l’Esprit, la Réalité Telle, le Fondement. Mais ce n’est pas là le stade final. À la fin, le bouvier revient au monde des humains, monté sur le dos de son bœuf. Parce qu’il aime, à présent, qu’il aime au point d’être identifié à l’objet divin de son amour, il peut faire ce qu’il veut; car ce qu’il veut, c’est ce qui plaît à la Nature des Choses. On le trouve en compagnie de soiffards et de bouchers; eux et lui sont tous transformés en Bouddhas.

Pour lui, il y a conciliation complète avec l’évanescent, et par cette réconciliation, révélation de l’Éternel. Mais pour les gens ordinaires, convenables, non régénérés, la seule conciliation avec l’évanescent est celle des passions auxquelles on s’abandonne, des distractions auxquelles on se soumet, et qu’on goûte. Dire à de telles personnes que l’évanescent et l’éternel sont une seule et même chose, et ne pas immédiatement restreindre cette affirmation en la complétant, c’est véritablement d’une imprudence mortelle — car, en pratique, ce ne sont point une seule et même chose, sauf pour le saint; et l’histoire n’a pas gardé trace que quiconque soit jamais parvenu à la sainteté, qui ne se soit, au début de sa carrière, conduit  comme si l’évanescent et l’éternité, la nature et la grâce étaient  profondément différents et, par bien des côtés, incompatibles.

Le chemin de la spiritualité est une arête de couteau entre deux abîmes. D’un côté, il y a le danger du rejet et de l’évasion; de l’autre, le danger de la simple acceptation et de la jouissance de choses qui ne doivent être utilisées que comme des instruments ou des symboles.

La légende versifiée qui accompagne la dernière des « Images du Bouvier » est la suivante : « Même au-delà de la limite finale, s’étend un passage,
Par lequel il revient aux six royaumes de l’existence.
Chaque affaire séculière est maintenant une œuvre bouddhiste,
Et partout où il va, il retrouve l’air de chez lui.
Comme une pierre précieuse, il se distingue même parmi la boue,
Comme l’or pur, il brille même dans la fournaise.
Le long de la route sans fin (de la naissance et de la mort),
il s’avance, se suffisant à lui-même.
En toutes circonstances, il se déplace, tranquille et sans attache.

Il faut qu’il y ait conversion, soudaine ou non, non pas simplement du cœur, mais également des sens et de l’esprit qui perçoit. C’est dans les descriptions hindoues et extreme-orientales de la Philosophia Perennis que ce sujet est le plus systématiquement traité.

Ce qui est prescrit, c’est « une révulsion » plus ou moins soudaine et complète de la conscience, et la venue à la connaissance d’un état de « non-esprit » qu’on peut décrire comme la libération d’avec l’attachement perceptuel au principe du moi.

Pour y parvenir, il faut marcher délicatement et, pour s’y maintenir, il faut apprendre à unir la vigilance la plus intense à une passivité calme et négatrice du moi — la détermination la plus indomptable à une soumission parfaite aux directives de l’esprit.

« Si un œil ne s’endort jamais,
tous les rêves cesseront d’eux-mêmes ;
si l’Esprit garde son absolu,
les dix mille choses seront d’une seule substance. »
(le Troisième Patriarche du Zen)

Un talent venu d’une vie antérieure : Jackie Evancho 10 ans

Une mémoire qui peut traverser la mort :

Il est néanmoins important de réaliser que ce type de mémoire n’a aucun rapport avec celle que l’on connaît habituellement ; elle est d’une tout autre qualité et se caractérise par le fait de ne pas être formulée en images, paroles ou pensées. Elle implique le sentiment, c’est-à-dire que c’est par le sentiment qu’elle se manifeste en l’être humain.
Afin que cette mémoire particulière puisse s’éveiller à un moment donné chez quelqu’un, il faut qu’une trace ait été laissée en son être, une trace suffisamment profonde pour lui permettre de reprendre le travail spirituel ou artistique qui lui tenait à cœur et qu’il ou elle n’a pu jadis mener à son terme.

Équipé d’une certaine connaissance déjà acquise dans un passé indéterminé, mais qui restait incomplète, il revient à la vie, animé d’un désir si ardent de poursuivre l’œuvre déjà entreprise qu’il pourra faire preuve d’un courage et d’une détermination qui stupéfient le monde et demeurent une énigme incompréhensible aux yeux de ses semblables.

Edouard Salim Michael – S’éveiller une question de vie ou de mort –

Edouard Salim Michael : Une autre perception du temps

S’il existe dans le Cosmos une planète dont la vitesse de rotation autour de son soleil est largement supérieure à celle de la Terre, et si cette planète est habitée par des êtres dotés d’intelligence, vu la rapidité avec laquelle doivent se succéder leurs quatre saisons, leurs conditions d’existence doivent être tellement différentes de celles de la Terre que ce qui est considéré chez eux comme étant la réalité serait impensable pour les êtres humains ; et, réciproquement, il serait impossible aux êtres peuplant cette planète de concevoir les conditions de vie qui prévalent sur Terre, car, dans les deux cas, les habitants respectifs de ces deux planètes sont inévitablement, et d’une façon qu’ils ne peuvent appréhender, conditionnés par la manière dont le temps se déroule chez eux.

Toutefois, si, parmi les êtres qui vivent sur ces deux planètes, il s’en trouve qui, suite à une pratique spirituelle intense, sont arrivés à mourir à leur individualité ordinaire qui est soumise au temps, ils atteindront un tout autre plan d’être à partir duquel il leur sera possible de reconnaître la Réalité Ultime, et alors, le Temps — qui était la cause de la différence dans leur manière de concevoir l’existence — n’existera plus. Ils éprouveront la même expérience, dans un Présent Éternel.

Il en est de même pour les différents peuples de la Terre ; aussi longtemps qu’ils demeurent enfermés dans leurs conditionnements culturels et leurs croyances, ils ne peuvent faire autrement que regarder leurs coutumes et leur façon de penser comme étant la seule réalité concevable, et, par conséquent, rejettent, même avec violence, celles des autres. Mais si, parmi eux, certains trouvent la force de fournir les efforts nécessaires pour atteindre l’illumination et parviennent à reconnaître, par une expérience intérieure irréfutable, la Vérité Suprême, alors, ils dépassent la barrière des divergences d’opinions, des oppositions, des contradictions et, par conséquent, de la dualité elle-même. Ils ne connaîtront plus que la seule et unique Réalité, au delà du temps et du tangible.

Il est ainsi possible de comprendre que, quelles que soient les formes de vie que des êtres dotés d’une certaine capacité d’intelligence puissent revêtir dans le Cosmos — si étrangères que ces formes puissent paraître aux humains —, du moment où ils auront acquis un niveau de conscience suffisamment élevé pour leur permettre d’accéder à l’illumination, ils expérimenteront tous la même Réalité dans toute sa Vérité.

S’éveiller, une question de vie ou de mort, chap. 2

Edouard Salim Michael : Messe pour choeurs mixtes et deux orchestres à cordes

Messe pour choeurs mixtes, deux orchestres à cordes, célesta, harpe, glockenspiel et percussions, dirigé par Eugène Bigot. Diffusé sur les ondes de Radio France 1956 – par l’orchestre et les choeurs de la RTF (Radio, télévision française)

Au cours de son cheminement spirituel, un aspirant sérieux ne peut que, tôt ou tard, se trouver confronté à des interrogations d’ordre métaphysique, impossibles à résoudre par une approche rationnelle. Il lui faut comprendre que le sentiment lui est indis­pensable dans un domaine qui transcende le monde des sens — tout comme il constitue la pierre de touche de tout grand art.

Bien que l’intellect ait, dans une certaine mesure, son utilité dans une quête, les expériences spirituelles que les grands mystiques ont connues n’étaient certainement pas le résultat d’une élabo­ration rationnelle, mais bien d’une profonde plongée dans leur être et leur sentiment. En effet, le sentiment — à ne pas confondre avec la sentimentalité — constitue un puissant stimulant (comme on peut l’observer dans le domaine de la grande musique), tandis que l’intellect ne peut permettre à l’être humain d’aller au delà de lui-même pour découvrir l’Ineffable qu’il recèle dans les profondeurs de lui-même.

Edouard Salim Michael S’éveiller, une question de vie ou de mort, chap. 5

Comment le Bouddha répondit à des insultes

En une occasion, le Bhagavā demeurait près de Rājagaha dans la forêt de bambous, le Sanctuaire des Ecureuils. En cette occasion, le Brahmane Akkosaka Bhāradvāja avait entendu dire qu’un brahmane du clan Bhāradvāja avait quitté la vie de foyer pour se lancer dans la vie sans foyer, en la présence du Bhagavā. Mécontent et en colère, il alla trouver le Bhagavā et, lorsqu’il l’eût trouvé, se mit à l’insulter et à le maudire avec des mots grossiers et rudes.

Lorsque cela fut fait, le Bhagavā lui dit:
– Que pensez-vous, brahmane: y a-t-il de vos amis, collègues, connaissances et parents qui viennent chez vous en tant qu’invités?
– Oui, bho Gotama, parfois des amis, collègues, connaissances et parents viennent chez moi en tant qu’invités.
– Et que pensez-vous: leur servez-vous des plats de base, des plats plus raffinés et des mets délicats?
– Oui, parfois je leur sers des plats de base, des plats plus raffinés et des mets délicats.
– Et s’ils ne les acceptent pas, à qui cette nourriture appartient-elle?
– S’ils ne les acceptent pas, bho Gotama, cette nourriture m’appartient.
– De la même manière, brahmane, vous m’avez insulté, moi qui n’insulte pas, vous êtes en colère contre moi, qui ne me mets pas en colère, vous voulez vous quereller avec moi, qui ne me querelle pas: je ne l’accepte pas, cela vous appartient à vous et rien qu’à vous.
De celui qui rend des insultes à celui qui l’a insulté, qui se met en colère contre celui qui lui a assené sa colère, qui se querelle avec celui qui a fomenté la querelle, on dit de lui qu’il partage la nourriture, la compagnie de cette personne négative. Mais je ne partage pas votre nourriture ni votre compagnie, brahmane. Tout cela est à vous, rien qu’à vous.

 
[Le Bouddha:]
Où est donc la colère pour celui qui est libre de la colère,
Qui est tempéré et vit dans une équanimité parfaite,
Qui, doté de la connaissance véritable, est totalement libéré,
Suprêmement tranquille et équilibré?
Celui qui rend sa colère à un colérique
Rend la situation pire pour lui-même.
En ne rendant pas sa colère à un colérique,
On gagne la bataille difficile à gagner.
Il pratique pour le bien des deux,
Le sien propre et celui de l’autre,
Lorsque, sachant la colère de l’autre,
Il maintient attentivement son calme.
Alors qu’il parvient à réaliser la guérison
Des deux, la sienne propre et celle de l’autre,
Ceux qui le considèrent comme un imbécile
Ne comprennent pas le Dhamma.

Lorsque ceci fut dit, le brahmane Akkosaka Bhāradvāja s’exclama:
– Magnifique, Bienheureux Gotama. Magnifique. Tout comme si on avait remis en place ce qui avait été renversé, qu’on révélait ce qui était caché, qu’on montrait le chemin à quelqu’un qui se serait perdu, ou qu’on portait une lampe dans l’obscurité pour que ceux qui ont des yeux puissent voir les formes, de la même manière bho Gotama m’a clarifié le Dhamma de différentes manières. Je prends refuge auprès de bho Gotama, auprès du Dhamma, et auprès du Sangha.
Puis-je recevoir de bho Gotama l’ordination initiale, puis-je recevoir l’ordination complète?

Alors le brahmane Akkosaka Bhāradvāja reçut l’ordination et l’admission en la présence du Bhagavā. Et rapidement, peu de temps après son ordination supérieure, demeurant seul, isolé, diligent, ardent et résolu, Akkosaka Bhāradvāja atteignit dans cette même vie l’insurpassable objectif de la vie sainte, à la recherche duquel les hommes de clan quittent avec raison la vie de foyer pour la vie sans foyer, en le réalisant pour lui-même par connaissance directe. Il réalisa: ‘La naissance est détruite, la vie sainte a été accomplie, ce qui devait être fait a été fait, il n’y a rien de plus pour cet état d’être.’
Et ainsi, Akkosaka Bhāradvāja devint l’un des arahants.

Samyutta Nikaya – Brahaman Samyutta SN 7.2

Tierno Bokar : Les oiseaux blancs et les oiseaux noirs

Les êtres humains, dit-il, sont, les uns par rapport aux autres comparables à des murs situés face à face. Chaque mur est percé d’une multitude de petits trous où nichent des oiseaux blancs et des oiseaux noirs. Ce sont les mauvaises pensées et les mauvaises paroles. Les oiseaux blancs, ce sont les bonnes pensées et les bonnes paroles.

Les oiseaux blancs, en raison de leur forme, ne peuvent entrer que dans des trous d’oiseaux blancs, et il en va de même pour les oiseaux noirs qui ne peuvent nicher que dans des trous d’oiseaux noirs.

Maintenant, imaginons deux êtres humains qui se croient ennemis l’un de l’autre. Appelons-les Youssouf et Ali.

Un jour, Youssouf, persuadé que Ali lui veut du mal, se sent empli de colère à son égard et lui envoie une très mauvaise pensée. Ce faisant, il lâche un oiseau noir et, du même coup, libère un trou correspondant. Son oiseau noir s’envole vers Ali et cherche, pour y nicher, un trou vide adapté à sa forme. Si, de son côté, Ali n’a pas envoyé d’oiseau noir vers Youssouf, c’est-à-dire s’il n’a émis aucune mauvaise pensée, aucun de ses trous noirs ne sera vide. Ne trouvant pas où se loger, l’oiseau noir de Youssouf sera obligé de revenir vers son nid d’origine, ramenant avec lui le mal dont il était chargé, mal qui finira pas ronger et par détruire Youssouf lui-même.

Mais, imaginons qu’Ali a, lui aussi, émis une mauvaise pensée. Ce faisant, il a libéré un trou où l’oiseau noir de Youssouf pourra entrer afin d’y déposer une partie de son mal et y accomplir sa mission de destruction. Pendant ce temps, l’oiseau noir d’Ali volera vers Youssouf et viendra loger dans le trou libéré par l’oiseau noir de ce dernier. Ainsi, les deux oiseaux noirs auront atteint leur but et travailleront à détruire l’être humain auquel ils étaient destinés.

Mais, une fois leur tâche accomplie, ils reviendront chacun à leur nid d’origine, car il est dit : « Toute chose retourne à sa source. » Le mal dont ils étaient chargés n’étant pas épuisé, ce mal se retournera contre leurs auteurs et achèvera de les détruire. L’auteur d’une mauvaise pensée, d’un mauvais souhait ou d’une malédiction est donc atteint à la fois par l’oiseau noir de son ennemi et par son propre oiseau noir lorsque celui-ci revient vers lui.

La même chose se produit avec les oiseaux blancs. Si nous n’émettons que de bonnes pensées envers notre ennemi, alors que celui-ci ne nous adresse que de mauvaises pensées, ses oiseaux noirs ne trouveront pas de place où loger chez nous et retourneront à leur expéditeur. Quant aux oiseaux blancs porteurs de bonnes pensées que nous lui aurons envoyés, s’ils ne trouvent aucune place libre chez notre ennemi, ils nous reviendront chargés de toute l’énergie bénéfique dont ils étaient porteurs.

Ainsi, si nous n’émettons que des bonnes pensées, aucun mal, aucune malédiction ne pourront jamais nous atteindre dans notre être. C’est pourquoi il faut toujours bénir ses amis et ses ennemis. Non seulement la bénédiction va vers son objectif pour y accomplir sa mission d’apaisement, mais encore elle revient vers nous, un jour ou l’autre, avec tout le bien dont elle était chargée.

C’est ce que les soufis appellent « l’égoïsme souhaitable ». C’est l’Amour de Soi valable, lié au respect de soi-même et de son prochain parce que tout être humain, bon ou mauvais, est le dépositaire d’une parcelle de la Lumière Divine. C’est pourquoi les soufis, conformément à l’enseignement du Prophète, ne veulent souiller ni leur bouche, ni leur être par de mauvaises paroles ou de mauvaises pensées, même par des critiques apparemment bénignes.

Extrait de Vie et enseignement de Tierno Bokar, Maitre Soufi africain ( Mali) 1875-1840

La musique Céleste

C’est toujours son attention qui est impliquée dans ce qui se passe en l’être humain ainsi que dans tout ce qu’il fait dans le monde extérieur — que ce soit pour le bien ou pour le mal. Ce n’est que grâce à son attention extrêmement développée qu’un grand compositeur arrive à créer des oeuvres musicales si prodigieuses qu’elles élèvent les auditeurs à un autre plan d’être, leur permettant ainsi d’éprouver des sentiments tout à fait inhabituels qu’il leur est impossible de ressentir autrement — des sentiments sublimes qui relèvent d’un autre univers insaisissable, habité par des “Dévas” (des dieux) et leurs “Gandharvas” (musiciens célestes).
En outre, cette musique, qu’un génie a composée à l’aide de son attention, va, par la suite, faire travailler, année après année, et même pendant des siècles, l’attention de tous les membres des ensembles symphoniques, sans que ceux-ci soient conscients de ce qui se produit en eux. Ainsi, peut-on dire que, grâce à son attention et à sa grande capacité de concentration, le compositeur est devenu, malgré lui, une sorte de maître spirituel pour tous les exécutants d’un orchestre, pour le chef, pour les solistes et même, dans une certaine mesure, pour les auditeurs également !


Peut-on imaginer les nombreuses années de dur travail de l’attention et de la concentration nécessaires à un pianiste pour parvenir un jour à relever le défi que représente l’exécution, de mémoire, devant un auditoire hautement critique, d’un concerto de Beethoven ou de Brahms, qui contient des milliers de notes, des changements d’harmonie, des modulations et des rythmes compliqués ? Ou, peut-on se figurer ce qu’il faut comme longue pratique tenace de l’attention et de la concentration à une grande cantatrice avant d’être capable de chanter par coeur, devant un public extrêmement sévère, un opéra de Puccini tel que “Madame Butterfly” ou “Turandot” ? On peut alors peut-être comprendre combien davantage de concentration et, surtout, de division d’attention est exigé d’un grand compositeur pour arriver à écrire une oeuvre symphonique qui réclame un si grand nombre d’interprètes pour son exécution et qui est comme la création d’un merveilleux univers en miniature, où tant de choses différentes se déroulent simultanément !.
Il est ainsi possible de constater que, dans toute grande réalisation artistique, c’est toujours l’attention qui joue le rôle prépondérant. Grâce à elle, l’effet positif de ces oeuvres continue, des siècles après la mort de leur auteur, de se répandre dans le monde afin d’aider d’autres personnes dans leurs efforts pour maîtriser leur attention.
De surcroît, on ne peut qu’être émerveillé quand on songe que, même longtemps après la disparition d’un grand génie (tel que Beethoven, Brahms, César Franck ou Gustav Mahler), sa musique ne cesse de nourrir le sentiment et l’esprit d’un nombre incalculable d’hommes et de femmes, les exaltant et apportant un peu de lumière dans leur vie — une lumière qui n’est pas de ce monde et qui peut, petit à petit, leur ouvrir une porte inespérée vers un autre Univers, si subtil, si fin et si sublime, qu’ils portent au fond de leur être sans le savoir ordinairement.

Edouard Salim Michael – Pratique spirituelle et Eveil intérieur chap 7.

Dhammapada : tout ce que nous sommes est basé sur nos pensées

Le Dhammapada est le texte essentiel du bouddhisme, il est dit contenir l’essence des paroles du Bouddha :

Tout ce que nous sommes est le résultat de ce que nous avons pensé ; tout ce que nous sommes est basé sur nos pensées et formé de nos pensées.

Si quelqu’un parle ou agit avec une mauvaise pensée, la souffrance le suit comme la roue d’un chariot suit le sabot du boeuf qui le tire. (1)

Tout ce que nous sommes est le résultat de ce que nous avons pensé ; tout ce que nous sommes est basé sur nos pensées et formé de nos pensées.

Si quelqu’un parle ou agit avec une pensée pure, le bonheur le suit comme sa propre ombre qui jamais ne le quitte. (2)

Trinh Xuan Thuan Le chaos et l’harmonie Extraits

L’intensité des forces dans la Nature dépend d’une quinzaine de nombres appelées « constantes physiques ». Par exemple l’intensité de la force gravitationnelle qui est très petite. Nous pouvons mesurer ces constantes de façon extrêmement précise dans nos laboratoires, mais ne possédons pour l’instant aucune théorie permettant d’expliquer pourquoi elles ont les valeurs mesurées. Les constantes nous ont été « données » quand l’Univers est né. Elles ont été réglées de façon extrêmement précise pour que l’Univers héberge la vie et la conscience (ce réglage très fin est appelé nous l’avons vu principe anthropique du grec anthropos qui veut dire homme), mais aussi de telle façon que l’Univers soit séparable en entités distinctes qui peuvent être étudiées séparément avec la méthode réductionniste. p. 510

Un ensemble de propriétés  généralement admises caractérise les lois naturelles. Ces propriétés rappellent étrangement celles attribuées à Dieu. Elles sont universelles, absolues, intemporelles, omnipotentes. p. 512

Nous ne pouvons nous empêcher de penser que les formules mathématiques ont une vie propre, qu’elles en savent plus que leurs découvreurs et qu’elles nous donnent plus que nous leur avons donné. (citation de Heinrich Hertz p. 517)