Une question essentielle

Quelle convergence entre l’ascète yogi tibétain Milarepa et Madame Guyon, la grande mystique chrétienne ? entre Ramana Maharshi et le célèbre soufi Al-Hallâj ? Quel dénominateur commun à ces êtres hors de l’ordinaire qui, de façons apparemment tellement différentes, ont gravi les échelons menant à la réalisation ultime ? Ne s’agit-il pas d’une question de la plus haute importance ? s’interroger sur ce qu’est le cœur d’une pratique ?

Unité dans la dualité

La vie n’est pas confinée dans les êtres et les créatures qui paraissent animés.

La vie est un principe dynamique qui imprègne toutes les choses qui tiennent une place dans l’espace illimité. Nul monde visible ne pourrait exister sans le pouvoir de ce principe ou esprit extrêmement subtil et actif. En fait, le mouvement lui-même signifie forme et manifestation.

De même que le moindre mouvement sur l’eau tranquille d’un lac se traduit par d’innombrables rides à sa surface, ainsi les mondes avec tous les êtres et toutes les choses qu’ils englobent sont les formes de l’unique Esprit en mouvement.
Cette vie est une, l’énergie qui l’anime est une, quelque variées que soient les voies de sa révélation. La totalité de ce qui existe est l’unique Réalité, absolue, étemelle et infinie. Une seule substance, une seule essence, telle est la vérité de l’univers. Ce qui paraît comme étant multiplicité n’est que la variation d’un seul principe originel. Tout ce qui, dans le monde, est dit ne fait qu’exprimer l’unique et éternelle Vie. L’être humain, composé d’un corps, d’un mental, d’un intellect et d’une âme, est en réalité cette vie tout entière « Tout est Brahman ! ». Telles sont les paroles des sages qui ont compris cette unité de la Vie.

Swami Ramdas Présence de Ram p. 145

Imitation de Jésus Christ : La parfaite victoire est de triompher de soi-même.

« Mon enfant, ma grâce est d’un grand prix, et ne souffre point le mélange des choses étrangères, ni des consolations terrestres.
Il faut donc écarter tout ce qui l’arrête, si vous désirez qu’elle se répande en vous.
Retirez-vous dans un lieu secret, aimez à demeurer seul avec vous-même, ne recherchez l’entretien de personne ; mais que votre âme s’épanche devant Dieu en de ferventes prières, afin de conserver (..)une conscience pure.

Comptez pour rien le monde entier et occupez-vous de Dieu plutôt que des oeuvres extérieures.
Car votre cœur ne peut être à moi et se plaire en même temps à ce qui passe. (…)
Oh qu’il aura de confiance à l’heure de la mort celui que nul attachement ne retient en ce monde !
Mais un esprit encore malade ne comprend pas que le cœur soit ainsi détaché de tout; et l’homme charnel ne connaît point la liberté de l’homme intérieur.

Cependant, pour devenir vraiment spirituel, il faut (…) ne se garder de personne plus que de soi-même.
Si vous parvenez à vous vaincre parfaitement, vous vaincrez aisément tout le reste.
La parfaite victoire est de triompher de soi-même.
Celui qui se tient tellement assujetti que les sens obéissent à la raison et que la raison m’obéisse en tout est véritablement vainqueur de lui-même et maître du monde.
Si vous aspirez à cette haute perfection, il faut commencer avec courage et mettre la cognée à la racine de l’arbre pour arracher et détruire jusqu’aux restes les plus cachés de l’amour déréglé de vous-même et des biens sensibles et particuliers.
De cet amour désordonné que l’homme a pour lui-même naissent presque tous les vices qu’il doit vaincre et déraciner ; et dès qu’il l’aura subjugué pleinement, il jouira d’un calme et d’une paix profonde.
Mais parce qu’il en est peu qui travaillent à mourir parfaitement à eux-mêmes et à sortir d’eux-mêmes entièrement, ils demeurent comme ensevelis dans la chair, et ne peuvent s’élever au dessus des sens.
(Imitation de Jésus-Christ Livre III chapitre LIII)

Paroles du Bouddha

« L’homme qui réfléchit fait des efforts sur lui-même. Il ne s’attache à aucune demeure. Tel un cygne quittant son étang, il abandonne abri après abri. » (91)

 « Ceux qui ne s’attachent à aucune possession terrestre, qui se nourrissent selon de justes préceptes, et qui réalisent le but de la délivrance en voyant que la vie est vide et transitoire, la trace de leur chemin est aussi difficile à suivre que celle des oiseaux dans le ciel. » (92)

 « Calme en pensée, calme en parole, calme en action est celui qui a obtenu la délivrance par la véritable connaissance. Il est devenu paisible, il est parfaitement serein. » (96)

 “Meilleur que l’homme qui conquiert mille fois mille hommes dans une bataille est celui qui se conquiert lui-même. En vérité, il est le plus puissant des conquérants.” (Dhammapada, 103).

 Un seul jour vécu dans la sagesse et la méditation vaut mieux qu’une vie de cent années passées dans l’ignorance et la paresse. (111)

 Un seul jour d’efforts acharnés vaut mieux qu’une vie de cent années doisiveté et de faiblesse (112)

 Un seul jour de la vie de celui qui perçoit l’origine et la fin des choses vaut mieux que la vie de cent années de celui qui ne perçoit pas l ‘origine ni la fin des choses. (113)

Dhammapada

Le visible et L’invisible

Le vagabondage mental sans but dans lequel l’homme vit habituellement sans en avoir conscience le rend extrêmement instable et vulnérable ; il est en partie dû à une mauvaise éducation, mais aussi à toutes ces forces visibles ou invisibles qui exercent un effet sur son être.

Cette instabilité intérieure demeurera une source de souffrance pour un chercheur jusqu’à ce qu’il arrive à en percevoir clairement l’origine et à comprendre que tout ce mouvement incessant qui se produit dans le monde extérieur ainsi qu’en lui-même n’est rien d’autre que la manifestation de forces accidentelles ou autres, agissant les unes sur les autres, et sur lesquelles, la plupart du temps, il n’a aucun contrôle.

Toutefois, par le fait même de constater leur existence, il pourra commencer à en être un peu plus libre, au moins intérieurement, et ne plus réagir aveuglément à leur égard comme auparavant.

Par ce travail spirituel, il en viendra peu à peu à réaliser que toutes les choses perceptibles, animées ou inanimées, constituent des forces, dont certaines le charment et l’attirent, tandis que d’autres le repoussent et le font s’éloigner. Mais, dans les deux cas, il devra essayer de devenir autant que possible conscient de ses réactions involontaires à l’instant même où il se rendra compte qu’il succombe à leur influence. ()

Edouard Salim Michael

Le temps et l’Eternité : Maitre Eckhart & Boece & Roumi

Le temps et l’Eternité :

L’Univers est une succession perpétuelle d’événements ; mais son fondement d’après la Philosophia Perennis est le présent, vide de temps, de l’Esprit Divin.

« Puisque Dieu a toujours un état éternel et présent, Sa connaissance qui surpasse les notions du temps, reste dans la simplicité de Sa Présence et, embrassant l’infini de ce qui est passé et à venir, considère toutes choses comme si elles étaient en train d’être accomplies (Boece) »

Le moment présent est la seule ouverture par laquelle l’âme puisse quitter le temps pour passer dans l’éternité, par laquelle la grâce puisse quitter l’éternité pour passer dans l’âme.
Voilà pourquoi le soufi, et avec lui, tous les autres interprètes pratiquants de la Philosophia Perennis sont, ou tâchent d’être dans le temps présent.

« Le passé et l’avenir voilent Dieu à notre vue ;
Consume les tous les deux avec le fer.
Combien de temps seras-tu cloisonné par ces segments, comme un roseau ?
Tant qu’un roseau est cloisonné, il ne reçoit pas de secrets,
Et n’est pas sonore en réponse à la lèvre et au souffle. »
Djalal-eddine Roumi

« Le temps est ce qui empêche la lumière de nous parvenir. Il n’y a pas de plus grand obstacle à l’encontre de Dieu que le temps. Et non seulement le temps, mais les choses temporelles, non seulement les choses temporelles, mais les affections temporelles ; non seulement les affections temporelles, mais la teinte et l’odeur même du temps. » (Maitre Eckhart)

Techniques de méditation et conscience de soi Vidéo

 « Vigilant parmi les négligents, éveillé parmi les endormis, le sage avance comme un fier destrier qui distance une haridelle. » (29)

Dhammapada

Il faut que l’aspirant réalise que la différence entre penser cet Éveil et le connaître, par une véritable expérience vécue, est aussi importante qu’entre la nuit et le jour ! En outre, il ne doit pas oublier la lutte qu’il lui faut mener contre l’aspect de lui-même qui, en dépit de ce qu’il peut croire, ne désire pas cet éveil, tout comme quelqu’un qui dort la nuit se montre fort mécontent si on se permet de le réveiller et de l’empêcher de redormir !

Par ailleurs, le rappel de ce but (qu’il faut constamment garder en soi) implique d’autres rappels qui doivent l’accompagner, à savoir que, pour devenir un Éveillé, le chercheur doit sans cesse lutter pour se souvenir d’être conscient de lui-même d’une tout autre manière que celle dont il l’est habituellement. Et, pour arriver à être conscient de lui-même de la façon dont il doit réellement l’être, il lui faut continuellement se rappeler de lâcher toute pensée et tout désir sans valeur qui font obstacle à cette conscience inaccoutumée de lui-même. Et, afin de parvenir à abandonner tout ce qui s’oppose à cette conscience inhabituelle de lui-même, il doit constamment se rappeler d’être vigilant, à la fois pour se protéger ainsi que pour préserver ses pratiques spirituelles de tout ce qui peut s’infiltrer subrepticement en lui d’indésirable en provenance du monde extérieur, qui le perturbe ou le tente avec quelque chose qui lui fait plaisir, mais qui, par la suite, se transforme en une source d’attachement supplémentaire qu’il lui faudra combattre.

Dans le silence de l’Insondable Edouard Salim Michael

Hubert Reeves : Expansion de l’univers

Le phénomène de l’expansion de l’univers fait intervenir le mouvement de galaxies situées à des millions d’années-lumière. On ne peut l’appréhender qu’avec la technologie moderne la plus sophistiquée.

En conséquence, on pourrait le croire totalement étranger à notre existence sur la Terre.

Il en est, au contraire, une condition essentielle. Sans cette expansion, sans ce vide immense et glacial qui se creuse entre les galaxies, aucune matière n’aurait pu s’associer; aucune molécule complexe, aucun organisme, aucun cerveau humain ne serait venu au monde. L’existence et le fonctionnement de notre conscience requièrent et exigent ce mouvement universel qui entraîne irrésistiblement les galaxies à des distances toujours plus grandes.

Hubert reeves

Ajahn Brahm : Manuel de méditation

« La meilleure de toutes les communautés », selon le Bouddha, « est celle où les moines les plus anciens sont frugaux et appliqués, occupent utilement leur temps en retirés du monde, et consacrent leur énergie à atteindre ce qui reste à atteindre, à comprendre ce qui reste à comprendre, et à réaliser ce qui reste à réaliser » (AN, III, 93).

Il est donc bien clair que le Bouddha affirme qu’il y a des buts à poursuivre. Ses disciples étaient bien conscients qu’ils devaient s’efforcer d’atteindre des objectifs spirituels. Les réalisations les plus hautes étaient à leur portée, mais seulement s’ils s’y consacraient totalement. Les suttas affirment clairement que la pratique bouddhique ne convient pas à ceux qui sont paresseux. Seuls les arahants n’ont plus rien à faire (MN, 70, 12), et pourtant, même eux, ces pleinement éveillés, travaillent très souvent inlassablement au bien-être ultime d’autrui.

 
Dans ce livre, j’ai encouragé la poursuite de nombreux buts spirituels, de quelques unes des réalisations les plus sublimes qui soient accessibles au monde d’aujourd’hui, parmi lesquelles se trouve le but le plus merveilleux de tous, le plein éveil, qui est la même réalisation que celle du Bouddha.
Certains disent qu’il n’y a rien à atteindre. Ceux qui suivent un conseil aussi fâcheux n’aboutissent évidemment à rien. Seule demeure leur sottise, aussi pesante que jamais, dont témoignera la tourmente que créeront dans leur vie une avidité et une aversion insurmontées. Être né comme être humain est une occasion très précieuse de progresser sur la voie de la sagesse, occasion malheureusement trop souvent gâchée dans une paresse langoureuse ou dans des activités oiseuses. Le Bouddha recommandait de pratiquer l’entraînement avec le même sens de l’urgence que si nos vêtements étaient en feu. Voilà pour ce qui est du temps perdu.