Kathleen Raine La question vraiment fondamentale est la suivante

La question vraiment fondamentale est la suivante : le monde est-il une structure faite de matière qui peut être mesurée et manipulée, sans vie propre, l’être humain n’en étant qu’une partie surajoutée et irrécupérable ?
Ou y a-t-il un esprit éternel et immortel, ce qui impliquerait que c’est l’esprit et non la matière qui est originel et que nous ne pouvons connaître la matière qu’à travers l’esprit qui l’observe depuis un niveau supérieur ?
Si vous choisissez la première solution, elle vous mène au nihilisme et à la destruction du monde.
Si vous choisissez la seconde, vous continuez sans fin à l’explorer. Vous êtes toujours au commencement des choses.
Je voudrais demander aux jeunes de rejeter la vision matérialiste qui est fausse et a conduit à une terrible dégradation de l’image de l’être humain (selon celle-ci, l’être humain n’est qu’un accident dans le grand mécanisme de cet univers, nous ne sommes rien et la destruction est imminente). C’est vraiment une conception totalement erronée de ce que nous sommes et de ce qu’est lunivers, parce que le mesurable a été mis à égalité avec la réalité ; et l’on a graduellement contesté à l’incommensurable — qui inclut la conscience elle-même — sa primauté en tant que point de départ de toute connaissance quelle qu’elle soit.

Je voudrais que les jeunes croient que nous sommes des esprits vivants, que nous sommes des âmes vivantes et des enfants de l’esprit éternel qui est la source divine de toute chose. Je pense que de cela s’ensuit tout le reste.

Voyez-vous l’esprit, la conscience, sat-chit-ananda (être-conscience-béatitude) est un être ou un esprit vivant. On ne peut parler d’esprit ou de conscience sans parler de Dieu non comme d’une personne, mais de la personne de l’Univers.

Plus je vieillis, plus je pense que nous savons réellement tout (à condition de nous abandonner) et que le fonctionnement du cerveau humain, ou de quoi que ce soit, aboutit plutot à une exclusion plutot qu’à une acquisition de connaissance. Vous voyez des gens comme Locke pensaient que l’esprit une tabula rasa, une page blanche et que toute notre connaissance était imprimée dessus de l’extérieur. Je pense que c’est exactement le contraire qui est vrai. Nous savons tout parce que nous sommes en fait la création elle-même, nous sommes la vie de l’esprit éternel qui se manifeste dans toutes les innombrables vies de la terre.

Kathleen RaineFemmes en quête d’absolu p. 126
Poète et critique britannique, née en juin 1908 à Londres

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