Une question essentielle

Quelle convergence entre l’ascète yogi tibétain Milarepa et Madame Guyon, la grande mystique chrétienne ? entre Ramana Maharshi et le célèbre soufi Al-Hallâj ? Quel dénominateur commun à ces êtres hors de l’ordinaire qui, de façons apparemment tellement différentes, ont gravi les échelons menant à la réalisation ultime ? Ne s’agit-il pas d’une question de la plus haute importance ? s’interroger sur ce qu’est le cœur d’une pratique ?

Jean Staune: Notre existence a-t-elle un sens ?

Jean Staune enseigne la philosophie des sciences dans le MBA du groupe HEC. Secrétaire général de l’Université interdisciplinaire de Paris, il s’était distingué avec un premier ouvrage Science & Quête de sens dans lequel il avait rassemblé 15 auteurs dont 4 prix Nobel.

Dans le même esprit, il pose une interrogation fondamentale « Notre existence a-t-elle un sens ? » (Presses de la Renaissance), titre d’un travail qui a nécessité vingt années de recherches et la lecture de quelque mille livres !
A rebours d’une conception déterministe issue du XIXe siècle, Staune montre que le progrès scientifique, illustré notamment par la physique quantique, a atteint ses propres limites : les êtres humains savent qu’il existe un au-delà du réel auquel ils ne pourront jamais accéder, autrement dit que la science révèle en creux l’existence d’un autre niveau de réalité. Cette prise de conscience qu’il y a « une incomplétude radicale de ce monde » ouvre la voie à une réflexion métaphysique sur ce que l’être humain perçoit intuitivement à travers la croyance religieuse. Qu’il s’agisse de la matière, de l’univers, des neurosciences ou de l’Évolution, les découvertes dont Jean Staune fait ici la synthèse permettent de ré-enchanter le monde.

¶« Rien en physique quantique ne parle en faveur du déisme, ne nous incite à penser qu’un Dieu personnel se cacherait derrière le voile qui nous masque la réalité indépendante. Mais, en balayant les fondements de systèmes de pensée qui avaient pour conséquence « l’inutilité des religions », la physique quantique a ouvert de nouvelles possibilités philosophiques et religieuses comme le disent encore Sven Ortoli et Jean-Pierre Pharabod : « une chose est certaine, la situation philosophique et religieuse n’est plus bouchée comme il y a quelques décennies. Tout devient possible, et la vision assez noire, selon laquelle nous ne serions que le résultat éphèmère et sans signification de chocs et de combinaisons de « petites billes » errant dans l’espace n’est plus la vision scientifique. » Sans rien prouver directement dans ce domaine, cela redonne une certaine crédibilité à l’idée de l’existence de Dieu, comme l’a énoncé Arthur Eddington dans une phrase célèbre :  » la conclusion à tirer de ces arguments de la science moderne est que la religion redevint possible pour un scientifique raisonnable, aux alentours de l’année 1927″. (1927 est l’année de la première synthèse de la mécanique quantique).

Jean Staune
Notre existence a-t-elle un sens p. 101

Hommage à Ludwig Van Beethoven

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Edouard Salim MICHAEL Le role de la grande musique dans l’existence

C’est en effet un étrange prodige que la musique de certains grands compositeurs parvienne, d’une manière qui semble même miraculeuse, à élever les personnes qui l’écoutent, leur ouvrant à leur insu une porte vers d’autres dimensions liées à un aspect insondable de leur nature.

Elle peut agir si mystérieusement sur l’être d’un auditeur réceptif de manière à le placer quelque part en lui-même où il ne se trouve jamais d’habitude, éveillant ainsi en lui l’étrange sentiment de l’existence d’autres dimensions, au delà du tangible, d’où ces créations musicales ont surgi et avec lesquelles, de façon ordinairement inexplicable, ces grands compositeurs ont été en contact au moment de leurs inspirations, sans peut-être en avoir eu conscience.

Edouard Salim MICHAEL

La vigilance – Dhammapada

La Vigilance est le sentier qui mène à la Vie Eternelle. L’inattention est le sentier qui mène à la mort. Ceux qui sont vigilants ne meurent pas, ceux qui sont inattentifs sont déjà morts. » Dhammapada (21)

Sait-on réellement de quelle façon on dort en soi-même ? Saisit-on véritablement les conséquences dramatiques de ce très mystérieux sommeil diurne dans lequel l’être humain (après avoir été, pour ainsi dire, chassé de son “paradis”) est si tragiquement plongé à son insu et passe son existence entière sans jamais en avoir conscience ?
Il faut que, suite à maintes tentatives pour rester éveillé intérieurement — et maints échecs —, le chercheur en arrive à réaliser que ce n’est pas la mort physique qui constitue la véritable mort, mais plutôt le fait de dormir en soi-même !
C’est précisément ce que le Bouddha a enseigné dans cette stance du Dhammapada : «La Vigilance est le sentier qui mène à la Vie Eternelle. L’inattention est le sentier qui mène à la mort. Ceux qui sont vigilants ne meurent pas, ceux qui sont inattentifs sont déjà morts.» (21)
Peut-être sera-t-il alors possible à l’aspirant de saisir la signification de cette parole que le Christ a adressée à ses disciples (et qui n’est généralement pas comprise) : «Laissez les morts enterrer leurs morts.»
Dans le Livre des Morts Tibétain, on trouve l’énigmatique injonction suivante : «Demeure dans l’état du rien-faire, du rien-tenir*». Si le chercheur parvient, pendant ses séances de méditation, à réellement reconnaître cet état (qui est tout le contraire d’une passivité indolente) et à y demeurer, il lui sera impossible de ne pas sentir une Mystérieuse Présence, à la fois en lui-même ainsi qu’autour de lui, une Présence Sainte, inconnue de ce monde, imprégnée de la plus fine activité intérieure et d’un étrange éveil, au delà de toute conception mentale.

Salim MICHAEL 
S’eveiller : Une question de vie et de mort.

Ramana Maharshi – vidéo

 

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Mme GUYON – Poésie mystique

Vide de tout, rien ne manque à mon âme.
Tout plein de Dieu, j’ignore mon bonheur.
Brûlant d’amour, je ne sens point de flamme ;
Possédant tout, je perds jusqu’à mon cœur.

La loi d’amour, aux autres rigoureuse,
N’a rien en moi qui ne soit naturel.
Je ne la sens dure ni savoureuse :
Tout s’y réduit au moment éternel.

Heureux moment exempt d’incertitude,
Fortuné jour, où tout homme est détruit !
Chez toi, la paix bannit l’inquiétude,
Jour permanent qui n’a jamais de nuit !…

Jeanne Marie de la Motte Guyon

L’attention – Jacques Lusseyran

‘’À chaque instant je connais du monde juste ce que je mérite d’en connaître. La mesure de ma connaissance est celle de mon désir, de mon attention…

L’attention seule commande : c’est elle qui fait l’univers.

Un être humain entièrement attentif connaîtrait entièrement l’univers. Les sages qui font de la sérénité une condition de toute connaissance ont bien raison, car la paix intérieure nous met en disposition attentive. Rien ne disperse davantage que l’inquiétude et le doute, à moins que le doute ne soit méthodique, se réduisant alors à une prudence de l’esprit(…)

Dans la perception d’un être humain attentif, la réalité se livre : des pans entiers se détachent sous la seule pression de la main, sous un seul regard. Mais la main n’est alors, et le regard n’est lui-même qu’un instrument. C’est toujours au-dedans de nous que la connaissance a lieu, c’est-à-dire dans cet endroit où nous sommes reliés à toutes choses créées. (…)

La paix intérieure, c’est cela, et c’est cela l’attention : c’est un état de communication universelle, un état de réunion…

Or, nous passons le meilleur de notre vie à diviser. Nous sommes en brouille, en contestation avec toutes choses, et d’abord avec nous-mêmes. Ce n’est pas seulement une révolte vaine, c’est une folie coûteuse. ‘’

Jacques Lusseyran

( Le monde commence aujourd’hui, Éditions La Table Ronde, Paris, 1959.

El sistema – un moment de bonheur

El Sistema, c’est l’abréviation familière qui désigne une expérience qualifiée de « miracle » en Amérique du Sud (et ailleurs). Le mouvement est né en 1975 de la volonté de José Antonio Abreu, compositeur visionnaire. Son projet : fonder « en musique » une école de vie sociale. Rien de moins. Pour rompre les barrières de l’éducation musicale élitiste, il imagine un apprentissage collectif des pratiques instrumentales, basé sur un principe simple : lancer les impétrants dans le bain, là où ils n’ont pas pied (témoignage d’un des jeunes musiciens, ancien candidat-délinquant)

Sorti de la Julliard School de New York, il devient directeur d’une école de musique dans un quartier défavorisé de Caracas. Dès 3 ans, les enfants délaissés sont accueillis 6 heures par jour et reçoivent 24 heures de cours par semaine. Au lieu de les laisser s’initier à la manipulation des armes, on leur met dans les mains un véritable instrument, qu’on leur donne, et qu’ils apprennent à chérir. On ne leur dit pas « tu vas devenir musicien » mais « Tu ES musicien ». Et de mettre en pratique, dans toutes sortes de cercles, par des représentations, de la plus maladroite à la plus experte au fil du temps.

Depuis la création du mouvement 300 000 jeunes musiciens y ont appris à vivre libres et à construire des projets personnels, qu’ils soient musicaux ou autres, hors du cercle infernal des gangs. Ils étaient 11 dans un garage, au départ. 25 le lendemain et 75 le jour d’après…

José-Antonio Abreu : « Pour les enfants avec qui nous travaillons, la musique est pratiquement le seul moyen d’accéder à une quelconque dignité sociale. La pauvreté, c’est la solitude, la tristesse, l’anonymat. Un orchestre c’est la joie, l’engagement, le travail d’équipe, la volonté de réussir…/… Des études ont montré que la musique a changé la vie de tous ces enfants, de leurs familles, de communautés entières »

El Sistema a essaimé en un réseau de « nucléos » régionaux à l’approche pédagogique très originale. Les plus vifs deviennent tuteurs, puis formateurs, professeurs. Tout est ouvert.

Parmi les formateurs, un miracle à lui tout seul : Gustavo Dudamel. Ce prodigieux jeune homme à l’énergie débordante est devenu la figure emblématique du mouvement. Il a pris la direction du Philharmonique de Los Angeles après de longues années à la tête de l’Orchestre Simon Bolivar des jeunes du Venezuela, émanation talentueuse d’El Sistema, 200 jeunes musiciens qui parcourent le monde en glanant de prestigieuses récompenses.

source : mediapart

Ramana Maharshi : Une seule pensée

La méditation consiste à se fixer sur une seule pensée. Cette seule pensée éloigne les autres pensées, la distraction de l’esprit est un signe de sa faiblesse. Par la méditation constante, il acquiert de la force, autrement dit, la faiblesse des pensées fugitives cède la place à un arrière plan stable dépourvu de pensées. Cette expansion, vide de pensées est le Soi.