Une question essentielle

Quelle convergence entre l’ascète yogi tibétain Milarepa et Madame Guyon, la grande mystique chrétienne ? entre Ramana Maharshi et le célèbre soufi Al-Hallâj ? Quel dénominateur commun à ces êtres hors de l’ordinaire qui, de façons apparemment tellement différentes, ont gravi les échelons menant à la réalisation ultime ? Ne s’agit-il pas d’une question de la plus haute importance ? s’interroger sur ce qu’est le cœur d’une pratique ?

Le renoncement – Denys l’Aréopagite

 

 » Exerce-toi sans cesse aux contemplations mystiques, abandonne les sensations, renonce aux opérations intellectuelles, rejette tout ce qui appartient au sensible et à l’intelligible, dépouille-toi totalement du non-être et de l’être et élève-toi ainsi, autant que tu le peux, jusqu’à t’unir dans l’ignorance avec celui qui est au delà de toute essence et de tout savoir.

Car c’est en sortant de tout et de toi-même, de façon irrésistible et parfait, que tu t’élèveras dans une pure extase jusqu’au rayon ténébreux de la divine Suressence, après avoir tout abandonné et t’être dépouillé de tout  » .

Denys l’aréopagite

« Quand, dans une profonde méditation, l’aspirant parviendra à se défaire de son individualité coutumière (avec tout ce que celle-ci élabore comme image d’elle-même et recèle comme désirs irréalistes, rancoeurs, envies, peurs, penchants indésirables, etc.), il commencera, par là même, à s’approcher de l’aspect supérieur de sa double nature, de son Souverain Céleste.

Il comprendra alors que plus il fera le vide en lui, plus il permettra à l’Infini d’occuper la place ainsi libérée. Cependant, créer cette vacuité en lui-même nécessite une continuelle abnégation et des renoncements (durs à effectuer) lors de ses séances de méditation, jusqu’à ce que vienne éventuellement le moment ultime de la reconnaissance du Sublime qu’il porte en son être. »

Les fruits du chemin de l’Eveil Salim MICHAEL p23 

Réveillez-vous – Imitation de Jesus Christ-Thomas a Kempis

Il est étrange qu’il faille sans cesse redire à l’homme :

Pense à ton âme, le temps fuit, l’éternité s’avance ; demain, aujourd’hui peut-être, elle aura commencé pour toi ; et cependant il est vrai que si on ne lui rappelait à chaque heure cette vérité formidable, à chaque heure il l’oublierait  tant est puissante la fascination du monde sur cette créature tombée.

Réveillez-vous, sortez de votre sommeil, ne différez pas davantage le soin de l’unique chose nécessaire ; hâtez-vous de mettre la main à l’œuvre tandis que le jour luit encore : la nuit vient pendant laquelle nul ne peut travailler ; (…)
Imitation de Jésus-Christ 
(Livre III chapitre LVI) réflexion

 

Chaque être humain subit à sa naissance dans le monde sensoriel le drame de se trouver à son insu plongé par le Temps dans un bien curieux sommeil diurne.

A partir de cet instant fatidique, il ne cesse de dormir au sein du temps sans jamais savoir ce qui lui est arrivé ; or, même si, par chance, il parvient à prendre conscience de la gravité de sa situation et entreprend de fournir les efforts requis pour s’éveiller de ce mystérieux état dans lequel il est enseveli, il ne peut rassembler en lui la force nécessaire pour pouvoir rester éveillé.

Depuis son état d’être coutumier, l’être humain ne peut concevoir ce qui est réellement impliqué pour lui dans le fait de dormir en lui-même — un bien étrange phénomène dont les conséquences sont difficiles, voire impossibles à saisir au premier abord.
En réalité, ce sommeil diurne qui l’emporte presqu’aussitôt incarné sur Terre constitue, sans qu’il ne le réalise ordinairement, la véritable mort. L’être humain passe son existence dans un état qu’on ne peut qualifier que de mort-vivant — un curieux état de torpeur psychique qui s’empare de lui et s’interpose continuellement entre lui et l’Aspect Divin de sa double nature au travers duquel seul il lui serait possible d’appréhender sa situation dans le monde et de commencer à agir d’une manière juste dans la vie.

Salim Michael 
Les fruits du chemin de l’Eveil chapitre 10

Nietzsche »Sans musique la vie serait une erreur »

Mais qu’est-ce que cela veut dire, concrètement ? D’abord, au plan proprement métaphysique, que la musique est la révélation du monde, une vérité plus profonde que toute religion et toute philosophie, comme déjà l’écrivait Beethoven à peu près au même moment que Schopenhauer. La musique dit le monde, dit ce que les mots ne peuvent exprimer, elle révèle la réalité plus profondément que tout autre mode d’expression et même que tout autre art. « C’est un art si élevé, écrivait Schopenhauer, et si admirable, si propre à émouvoir nos sentiments les plus intimes, si profondément et si entièrement compris, semblable à une langue universelle qui ne le cède pas en clarté à l’intuition elle-même 8 ». Mais la volonté, qu’est-ce d’autre que les désirs, les sentiments, les affects divers, la joie et les souffrances des hommes en particulier ? Dans le Drame musical grec, Nietzsche cite à nouveau Schopenhauer pour le reprendre à son compte : « La musique touche immédiatement le cœur, car elle est la véritable langue universelle, partout comprise 9 ». Du point de vue psychologique, Nietzsche reprendra cette idée en écrivant dans Par-delà le bien et le mal (§ 106) que, « grâce à la musique, les passions jouissent d’elles-mêmes ». Ou encore : « La musique [est] le reflet de toutes les activités et conduites humaines » (Le Voyageur… § 156). suite  de l’article

« Il est important pour l’aspirant de noter que c’est précisément le sentiment qui donne à un grand pianiste la capacité d’exécuter de mémoire des oeuvres éminemment complexes comportant des milliers de notes ainsi que d’innombrables changements d’harmonies, de lignes mélodiques et de rythmes, sans commettre d’erreurs. Le même principe s’applique au chercheur ; il lui faut réaliser que c’est son sentiment qui peut relier son esprit et son corps de manière à lui permettre d’effectuer ses pratiques de méditation et ses autres exercices spirituels avec l’intensité requise pour être mis en rapport avec un autre monde en lui, un monde lumineux qu’il ne pourra, s’il est assez sensible, que reconnaître comme sanctifié. »

Le rôle de la grande musique
Edouard Salim MICHAEL

 

GERTA ITAL et le PERE LASSALLE

« Mon propre chemin, que j’ai essayé de décrire, a été très long et très pénible. Mais cela ne devrait décourager personne, car chaque être humain est différent des autres… Il n’y a ni dogme ni rien qui soit capable de vous rendre bienheureux. Il n’existe rien que la Vérité en tant qu’être vivant, et la seule chose à quoi tendent les efforts du Maître, c’est d’éveiller l’élève à la perception de cette Vérité.
La voie est ouverte à chacun(e), quelle que soit sa religion. Mais il doit la suivre. La manière dont il vaincra les diverses difficultés qui se présenteront et la façon dont il s’exercera le mèneront au but, même sans faire de voyage au Japon.. ».Elle cite le Père Lassalle :
« L’illlumination peut être atteinte par chacun, à condition qu’on emprunte le vrai chemin qui y conduit. Par elle-même, elle n’est ni bouddhique, ni chrétienne, ni d’aucune autre religion. On la trouve aussi bien dans l’Islam que dans le Christianisme, même si sa présentation particulière et ses méthodes ne sont pas les mêmes que dans le Yoga ou le Zen… Elle exigera toutefois des motifs d’ordre religieux ou une tendance vers l’Absolu et des efforts très grands qui sont indispensables, de même qu’une renonciation radicale. »

Et enfin, elle conclut :
« Le chercheur qui a gravi une partie de cette voie et a vécu de nombreuses expériences exaltantes ne connait plus d’arrêt. Non seulement, il doit en donner des preuves dans sa vie extérieure, mais aussi sur la voie de son illumination.
De Grands Maîtres sont allés ainsi d’illumination en illumination, car ce qui a été atteint une fois doit être atteint de nouveau, doit être approfondi, doit être éprouvé et compris en tant qu’un tout complet et une multiplicité infinie, dans un aspect toujours nouveau. »

En savoir plus sur Gerta Ital

Le récit de son chemin sur la voie de l’Illumination

Témoignage d’Eveil

Voyage en pays d’Eveil et de Sainteté 

Maitre Eckhart S’anéantir soi même

Deviens tel un enfant,
rends-toi sourd et aveugle!
Tout ton être/doit devenir néant,
dépasse tout être et tout néant !
Laisse le lieu, laisse le temps,
et les images également!
Si tu vas par aucune voie
sur le sentier étroit
tu parviendras jusqu’à l’empreinte du désert.

 

Maître Eckhart

Nada Yoga, le yoga du Son – Salim MICHAEL, Ajahn SUMEDHO et Ajahn AMARO

Le Nada Yoga est une forme de méditation particulière qui exige une concentration intense sur un certain son que l’aspirant peut percevoir à l’intérieur des oreilles et de la tête s’il arrive à créer suffisamment de silence en lui-même. Mais cette forme de méditation — comme toute autre d’ailleurs — risque de perdre sa valeur si elle est pratiquée de manière passive, car le chercheur peut finir par s’habituer à entendre ce précieux son dans ses oreilles, mais sans être vraiment présent et concentré sur lui. Il faut qu’il soit continuellement conscient qu’il est en train de l’écouter et ne pas simplement se satisfaire de l’entendre résonner en lui.
Il peut méditer d’une façon superficielle sans s’en rendre compte. Ce son mystérieux sera là en lui pendant qu’il essaiera de méditer, mais lui-même sera, pour ainsi dire, absent, en train de rêvasser sans s’en apercevoir, ou même d’être bercé dans un état d’agréable et de très subtile torpeur qui le dupe et lui donne la fausse impression d’être dans un état de tranquille félicité.
Edouard Salim MICHAEL – Pratique Spirituelle chapitre 3

Pour en savoir plus sur le Nada Yoga, Edouard Salim MICHAEL en a fait il y a 40 ans une description minutieuse dans son premier ouvrage : la Voie de la Vigilance intérieure

Le Nada Yoga ou encore appelé le Yoga du son est un support inestimable, toujours présent en chacun de nous, car il possède une continuité qui justement nous fait défaut.

Ajahn Sumedho,  ancien abbé d’Amaravati, monastère Théravada dans la tradition de la forêt :


Lien

J’avais découvert ce son intérieur de nombreuses années auparavant, mais je n’avais jamais rien lu ni entendu à ce sujet dans le Canon Pâli. J’avais développé une pratique de la méditation utilisant cette vibration intérieure et j’en avais tiré de grands bénéfices pour le développement d’une vigilance attentive et d’un lâcher prise de toute pensée. Cela m’ouvrit une perspective de conscience transcendante grâce à laquelle il est possible d’observer les états mentaux qui surgissent et disparaissent dans l’esprit.

Et aussi Ajahn Amaro :

 C’est une pratique qui est connue des traditions bouddhistes, védiques et autres comme étant une discipline puissante et libératrice, et c’est aussi celle que j’ai mise en pratique avec le plus grand profit depuis plus de vingt cinq ans. ”

Ajahn Amaro, abbé d’Amaravati et ancien co-abbé du monastère d’Abhayagiri dans la lignée de la forêt de la tradition bouddhiste Théravada.

Le But d’une pratique spirituelle Edouard Salim MICHAEL

 »Bien que, dans une voie spirituelle, il soit souvent nécessaire de parler d’un but à atteindre pour tenter, inadéquatement, d’expliquer l’inexplicable, un chercheur sérieux doit toutefois se rappeler que, en ce qui concerne ses pratiques spirituelles, le but se situe toujours dans le présent.

On peut, d’une certaine manière, dire que, une fois qu’il s’est engagé sur le Sentier, il ne peut s’agir pour lui de toucher un jour un but final et qu’ensuite tout s’arrêterait là — comme il en est des choses ordinaires ou des activités de ce monde —, car cela signifierait que le but serait une “fin” dans une sorte de mort éternelle et qu’après il n’y aurait plus rien ! Dans un travail spirituel, le but et le présent sont, en réalité, indissociables ; pour l’aspirant, chaque instant doit devenir le but, sinon, il risque de se donner toutes sortes de justifications, de rêver d’un but situé dans un futur éloigné et, entre-temps, de n’effectuer, sans en avoir conscience, qu’une pratique spirituelle tiède qui n’aboutirait à rien.()

Le but se répète chaque fois que ce mouvement de retour vers soi-même ou d’introversion particulière se produit en l’aspirant, même si ce n’est que pour un court instant. C’est le niveau de
son être ainsi que l’intensité de cet état de présence en lui qui déterminent le niveau du but atteint. D’une certaine manière, il ne peut y avoir de fin pour le but, mais une sorte d’étrange pèlerinage ou d’aventure toujours renouvelée.
Si le chercheur souhaite ne pas fausser son approche de cette quête inhabituelle, il lui faut sans cesse se rappeler que le but est un renouvellement perpétuel, toujours dans le présent, et non un état spécial qu’il pourrait gagner dans le futur et dans lequel il s’installerait à jamais ».

Edouard Salim Michael

Pratique Spirituelle Chapitre 8

Francis Thompson – L’effet papillon

Toutes choses
Proches ou lointaines,
Secrètement
Sont reliées les unes aux autres,
Et vous ne pouvez toucher une fleur
Sans déranger une étoile.

Francis Thompson
Plus de poésie ?

le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? ».
En savoir plus sur l’effet papillon

SAINT AUGUSTIN: Avons-nous le sens du mystère?

Qu’est-ce que la matière ? Qu’est-ce que la vie ? Comment le grain de blé produit-il un épi ? Comment l’âme est-elle unie au corps ?… Comment expliquer cette mystérieuse montée de la sève au printemps ? Etc.

Les mystères par lesquels Dieu régit l’univers et gouverne les créatures ont perdu de leur prix en raison de leur banalité. De sorte que personne n’admire plus les œuvres continuelles de Dieu, cette multiplication des pains, par exemple, qu’effectue chaque année la germination du blé.

C’est pourquoi, par esprit de miséricorde, Dieu se réserve de faire certaines choses en temps opportun, en dehors du cours de la nature et de ses lois coutumières.

En soi et de soi, ces faits surnaturels ne sont pas plus mystérieux que les faits naturels. Mais, en voyant ces phénomènes qui sont exceptionnels, l’homme admire enfin cette puissance divine qu’il ne remarquait plus dans les faits quotidiens. » saint Augustin

Saint Augustin est l’un des pères de l’Église latine. Après saint Paul, il est considéré comme le personnage le plus important dans l’établissement et le développement du christianisme occidental. Il a été également le penseur le plus lu au Moyen Âge.

L’expérience de JE SUIS. Ceci est notre but. George ADIE

 »Si nous nous demandons :

Qui peut dire qu’il a maintenant en lui-même, à ce moment même, une forte présence unifiante ?

Le sentiment fort de sa propre réalité individuelle séparée et en même temps un état qui le relie à tout ce qui l’entoure.

C’est exactement ce vers quoi nous nous efforçons.

C’est exactement ce que nous visons.

C’est à dire un état conscient, présent, inconditionnel.

L’expérience de JE SUIS. Ceci est notre but. »

George Adie, A Gurdjieff Pupil in Australia (Joseph Azize).