Nietzsche »Sans musique la vie serait une erreur »

Mais qu’est-ce que cela veut dire, concrètement ? D’abord, au plan proprement métaphysique, que la musique est la révélation du monde, une vérité plus profonde que toute religion et toute philosophie, comme déjà l’écrivait Beethoven à peu près au même moment que Schopenhauer. La musique dit le monde, dit ce que les mots ne peuvent exprimer, elle révèle la réalité plus profondément que tout autre mode d’expression et même que tout autre art. « C’est un art si élevé, écrivait Schopenhauer, et si admirable, si propre à émouvoir nos sentiments les plus intimes, si profondément et si entièrement compris, semblable à une langue universelle qui ne le cède pas en clarté à l’intuition elle-même 8 ». Mais la volonté, qu’est-ce d’autre que les désirs, les sentiments, les affects divers, la joie et les souffrances des hommes en particulier ? Dans le Drame musical grec, Nietzsche cite à nouveau Schopenhauer pour le reprendre à son compte : « La musique touche immédiatement le cœur, car elle est la véritable langue universelle, partout comprise 9 ». Du point de vue psychologique, Nietzsche reprendra cette idée en écrivant dans Par-delà le bien et le mal (§ 106) que, « grâce à la musique, les passions jouissent d’elles-mêmes ». Ou encore : « La musique [est] le reflet de toutes les activités et conduites humaines » (Le Voyageur… § 156). suite  de l’article

« Il est important pour l’aspirant de noter que c’est précisément le sentiment qui donne à un grand pianiste la capacité d’exécuter de mémoire des oeuvres éminemment complexes comportant des milliers de notes ainsi que d’innombrables changements d’harmonies, de lignes mélodiques et de rythmes, sans commettre d’erreurs. Le même principe s’applique au chercheur ; il lui faut réaliser que c’est son sentiment qui peut relier son esprit et son corps de manière à lui permettre d’effectuer ses pratiques de méditation et ses autres exercices spirituels avec l’intensité requise pour être mis en rapport avec un autre monde en lui, un monde lumineux qu’il ne pourra, s’il est assez sensible, que reconnaître comme sanctifié. »

Le rôle de la grande musique
Edouard Salim MICHAEL

 

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