Une question essentielle

Quelle convergence entre l’ascète yogi tibétain Milarepa et Madame Guyon, la grande mystique chrétienne ? entre Ramana Maharshi et le célèbre soufi Al-Hallâj ? Quel dénominateur commun à ces êtres hors de l’ordinaire qui, de façons apparemment tellement différentes, ont gravi les échelons menant à la réalisation ultime ? Ne s’agit-il pas d’une question de la plus haute importance ? s’interroger sur ce qu’est le cœur d’une pratique ?

Ian Stevenson : Ou croit on en la reincarnation ?

Les Occidentaux pensent en général que seuls les Asiatiques croient en la réincarnation, particulièrement dans les régions du sud-est, probablement parce que les doctrines hindoues et bouddhistes ancestrales ont été traduites et publiées par des missionnaires chrétiens (en versions simplifiées dont la fiabilité laisse souvent à désirer).

Beaucoup d’autres habitants de notre planète croient en la réincarnation : Les chiites musulmans d’Asie Occidentale, tous les habitants d’Afrique occidentale ou orientale qui n’ont pas été convertis à l’Islam ou au Christianisme y croient. Une importante minorité de Brésiliens, les Indiens d’Amérique du Nord, les habitants des îles Trobrians, les tribus d’Australie centrale, les Ainus au Nord du Japon, etc..

Schopenhauer a écrit : Si un Asiatique me demandait de lui donner une définition de l’Europe, je serais forcé de lui répondre : « C’est cette partie du monde qui est complètement dominée par l’illusion incroyable et scandaleuse selon laquelle l’homme est un être sorti du néant et dont la naissance est le début absolu. »

Depuis l’époque de Schopenhauer, la croyance en la réincarnation s’est diffusée en Occident. À part quelques exceptions, presque tout le monde croit à la réincarnation en dehors des orthodoxies du judaïsme, du christianisme, de l’Islam et de la science (cette dernière étant devenue une religion séculière pour beaucoup de gens !).

Qu’elle soit écrite ou orale, la transmission d’une génération à l’autre de la croyance en la réincarnation n’explique pas son point de départ, qui pourrait avoir eu lieu de plusieurs façons.

D’après Platon, Socrate parlait des connaissances accumulées d’une vie à l’autre comme d’une certitude absolue.

Des peuples n’ayant aucune tradition écrite ni de contact avec d’autres peuples croient néanmoins en la réincarnation, on peut en conclure que le concept a été acquis grâce à « ceux qui se rappellent » et le racontent, et ce, probablement dans toutes les parties du monde où la tradition existe.

Il existe autour de la croyance fondamentale une grande variété de traditions subsidiaires portant sur la question de savoir qui se réincarne, par quel processus, comment une cause produit des effets à retardements sur les vies successives, etc.

Extraits de l’ouvrage de Ian Stevenson : « Les enfants qui se souviennent de leurs vies antérieures. »

Rabindranath Tagore : J étais allé mendiant de porte en porte…

J’étais allé, mendiant de porte en porte, sur le chemin du village lorsque ton chariot d’or apparut au loin pareil à un rêve splendide et j’admirais quel était ce Roi de tous les rois !
Mes espoirs s’exaltèrent et je pensais : c’en est fini des mauvais jours, et déjà je me tenais prêt dans l’attente d’aumônes spontanées et de richesses éparpillées partout dans la poussière.


Le chariot s’arrêta là où je me tenais. Ton regard tomba sur moi et tu descendis avec un sourire. Je sentis que la chance de ma vie était enfin venue. Soudain, alors, tu tendis ta main droite et dis : « Qu’as-tu à me donner ? »
Ah ! quel jeu royal était-ce là de tendre la main au mendiant pour mendier ! J’étais confus et demeurai perplexe ; enfin, de ma besace, je tirai lentement un tout petit grain de blé et te le donnai.
Mais combien fut grande ma surprise lorsque, à la fin du jour, vidant à terre mon sac, je trouvai un tout petit grain d’or parmi le tas de pauvres grains. Je pleurai amèrement alors et pensai : « Que n’ai-je eu le cœur de te donner mon tout ! »
Rabindranath Tagore:L’offrande

Tierno Bokar Ecris le nom divin face a ta couche

« Ecris le nom divin face à ta couche de façon qu’il soit le matin, au réveil, la première chose qui s’offre à ta vue.

Au lever, prononce-le avec ferveur et conviction, comme le premier mot sortant de ta bouche et frappant ton oreille.

Le soir à ton coucher, une fois étendu, fixe-le comme le dernier objet entrevu avant de sombrer dans le sommeil.  »

Tierno Bokar (1875-1939) , Le sage de l’Islam, connut la calomnie et la persécution. Ses disciples furent traqués et emprisonnés. Et il dut affronter l’hostilité des siens.
Aux derniers jours de sa vie, il dira aux rares fidèles qui ne l’ont pas abandonné :

« Je vous recommande — et c’est en même temps la dernière prière que j’adresse individuellement et collectivement à tous ceux qui sont avec moi — de ne point maudire ni détester ceux qui m’ont attaqué et ont travaillé à me perdre. Ils n’ont été que les instruments d’une Sagesse et d’une force contre lesquelles je ne saurais m’élever sans blasphème. Où serait le mérite si ma vie s’était écoulée sans connaître d’ennemis ? »

Tierno Bokar (Terre et Ciel, entretiens de Théodore Monod Actes Sud p. 205),
Ce fut le naturaliste Théodore Monod qui l’un des premiers révéla la vie et l’enseignement de cet homme humble et extraordinaire.

Au début du XXe siècle, au cœur de l’Afrique, au Mali, la lumière de Dieu a brillé sur un homme : Tierno Bokar, que l’on appelait le Sage de Bandiagara. Cheikh de la confrérie soufie Tidjaniya, il fut une pure et haute figure non seulement de l’islam en Afrique noire, mais de la spiritualité universelle.

Ramana Maharshi: La contemplation

La contemplation est une bataille. Dès que vous commencez à méditer, les pensées vous envahissent et menacent d’engloutir celle qui fait l’objet de votre méditation. Cette dernière doit être renforcée par une pratique répétée. C’est un combat auquel on ne peut échapper. La paix intérieure naît de la contemplation, quand les pensées ont disparu.
Quand on en a pris l’habitude, on ne peut plus se passer de la méditation. Il faut en faire une habitude profondément enracinée ; elle doit devenir naturelle.
Il est nécessaire de pratiquer fréquemment et régulièrement la méditation jusqu’à ce que l’état obtenu se stabilise et se prolonge au cours de la journée. Méditez !
Tant que le Soi n’est pas totalement réalisé, la bataille intérieure fait rage
La grâce n’est dispensée qu’au disciple ou au yogi qui a fourni un effort constant.
– extraits de IMMORTELLE CONSCIENCE – Propos recueillis par Paul Brunton,
Ramana Maharshi

Theodore Monod : A force de vivre au jour le jour

« À force de vivre au jour le jour sans jamais avoir eu l’héroïsme de décider à partir de tel moment, je me consacrerai totalement, on arrive à la fin de sa vie sans avoir rien fait. »

Edouard Salim Michael : Le mental

»Si l’on veut connaître l’ennemi en soi, il suffit d’étudier le mental et le déroulement machinal de ses pensées. Un aspirant sincère ne pourra manquer de constater à quel point il est habité par toutes sortes de bavardages intérieurs futiles ou nuisibles, ainsi que par un interminable cortège de pensées sans valeur, négatives ou même destructrices, outre toutes les ruses que son mental peut élaborer pour le détourner de son but.
Il peut ainsi lui suggérer que ce voyage spirituel est trop difficile et trop ingrat, ou encore que, en raison de problèmes de santé ou d’un travail important qui l’attend, ce n’est pas la peine d’entreprendre ses pratiques spirituelles dans l’immédiat et qu’il est préférable de les remettre à plus tard, car le moment favorable n’est pas encore arrivé pour se lancer dans une telle aventure !
Le chercheur doit réaliser que l’heure propice ne viendra jamais ; il trouvera toujours de bonnes excuses pour reporter à plus tard l’effort qu’il doit fournir dans l’instant présent.  »

Paroles du Bouddha : Udana Sutta

Il existe, ô disciples, une sphère sans terre ni eau ni chaleur ni air, car elle est au delà du domaine de la matière . Ce n’est pas la sphère de l’espace infini ou de la pensée infinie, car elle est au delà du mental). Ce n’est pas une condition de néant ni l’état de ce monde ou d’un autre monde, ni soleil ni lune, c’est l’Incréé.
Cette condition, je l’appelle ni apparition ni disparition, ni naissance, ni mort. Elle est sans forme et sans changement. C’est l’Eternel qui jamais ne naît et jamais ne meurt. La trouver, c’est la fin de la souffrance.

Il y a, ô disciples, un non-né non-créé, non-formé et inconditionné. S’il n’y avait pas ce non-né, non-créé, non-formé et inconditionné, il n’y aurait pas transcendance du monde pour ce qui est né, créé, formé et conditionné.
Mais puisque, ô disciples, il y a le non-né, non-créé, non-formé et inconditionné, il peut y avoir transcendance pour ce qui est né, créé, formé, et conditionné.

Parole du Bouddha Udana Sutta

Therese d’Avila : Si j’avais compris

» Si j’avais compris, ainsi que je le sais maintenant, que le tout petit palais de mon âme contenait un si grand Roi, je ne l’y aurais pas laissé si souvent seul, j’y serais restée de temps en temps avec lui, et, de plus, j’aurais fait l’effort de tenir sa maison moins malpropre. »

Therese D’avila

Ludwig Van Beethoven : Ce qui lui permet de grandir

Après la disparition de Beethoven, on a trouvé sur sa table cette étonnante prière :

« Mon Dieu, ne te lasse pas de me pousser à me perfectionner. »

 

« Ce qui permet à Beethoven de grandir, d’utiliser les obstacles mêmes, et de les vaincre pour l’essentiel, c’est qu’il croit à la volonté. Beethoven est non seulement un homme dont la volonté s’affirme à chaque instant au plus haut degré, mais un homme pour qui la volonté est le premier facteur, et peut-être le principal intérêt de la vie. (..)
Pour lui, la lutte est la donnée fondamentale de la vie, et le héros est celui qui, acceptant cette donnée fondamentale, assume le combat de la vie jusqu’à la victoire. Cette victoire n’est pas nécessairement le succès, l’obtention du but proposé, mais de n’avoir jamais renoncé au combat ni reculé dans la bataille. »
Jean et Brigitte Massin : Ludwig van Beethoven

 

« C’est là justement une tendance du Destin que de pétrir en des formes tragiques la vie des grands hommes. Il essaie le meilleur de ses forces sur les plus robustes, dresse en face de leurs projets l’absurdité des contingences, influe sur leur destinée par de mystérieuses allégories, leur barre la route afin de les rendre forts où il faut qu’ils le soient. »
Stefan Sweig

La Méditation Bouddhique Jean Pierre Schnetzler

« On se donne des excuses, le manque de temps en particulier est souvent invoqué, prétexte qui ne résiste pas à l’examen car un choix judicieux éliminerait au profit de la méditation quantité d’activités secondaires, parasites ou inutiles, si l’on voulait bien.
Activités qu’à la réflexion, on juge bien telles … mais qu’on continue cependant à pratiquer.

Et l’on voit ainsi des personnes correctement informées sur le Bouddhisme, qui savent fort bien la nécessité d’unir la moralité, la sagesse et la méditation, observent de façon suffisante les règles d’un comportement juste, cultivent leur intelligence par la lecture des textes et cependant s’abstiennent soigneusement de pratiquer la méditation ».

Jean Pierre Schnetzler 
La méditation bouddhique p. 65