El sistema – un moment de bonheur

El Sistema, c’est l’abréviation familière qui désigne une expérience qualifiée de « miracle » en Amérique du Sud (et ailleurs). Le mouvement est né en 1975 de la volonté de José Antonio Abreu, compositeur visionnaire. Son projet : fonder « en musique » une école de vie sociale. Rien de moins. Pour rompre les barrières de l’éducation musicale élitiste, il imagine un apprentissage collectif des pratiques instrumentales, basé sur un principe simple : lancer les impétrants dans le bain, là où ils n’ont pas pied (témoignage d’un des jeunes musiciens, ancien candidat-délinquant)

Sorti de la Julliard School de New York, il devient directeur d’une école de musique dans un quartier défavorisé de Caracas. Dès 3 ans, les enfants délaissés sont accueillis 6 heures par jour et reçoivent 24 heures de cours par semaine. Au lieu de les laisser s’initier à la manipulation des armes, on leur met dans les mains un véritable instrument, qu’on leur donne, et qu’ils apprennent à chérir. On ne leur dit pas « tu vas devenir musicien » mais « Tu ES musicien ». Et de mettre en pratique, dans toutes sortes de cercles, par des représentations, de la plus maladroite à la plus experte au fil du temps.

Depuis la création du mouvement 300 000 jeunes musiciens y ont appris à vivre libres et à construire des projets personnels, qu’ils soient musicaux ou autres, hors du cercle infernal des gangs. Ils étaient 11 dans un garage, au départ. 25 le lendemain et 75 le jour d’après…

José-Antonio Abreu : « Pour les enfants avec qui nous travaillons, la musique est pratiquement le seul moyen d’accéder à une quelconque dignité sociale. La pauvreté, c’est la solitude, la tristesse, l’anonymat. Un orchestre c’est la joie, l’engagement, le travail d’équipe, la volonté de réussir…/… Des études ont montré que la musique a changé la vie de tous ces enfants, de leurs familles, de communautés entières »

El Sistema a essaimé en un réseau de « nucléos » régionaux à l’approche pédagogique très originale. Les plus vifs deviennent tuteurs, puis formateurs, professeurs. Tout est ouvert.

Parmi les formateurs, un miracle à lui tout seul : Gustavo Dudamel. Ce prodigieux jeune homme à l’énergie débordante est devenu la figure emblématique du mouvement. Il a pris la direction du Philharmonique de Los Angeles après de longues années à la tête de l’Orchestre Simon Bolivar des jeunes du Venezuela, émanation talentueuse d’El Sistema, 200 jeunes musiciens qui parcourent le monde en glanant de prestigieuses récompenses.

source : mediapart

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