Bardo Thodol, Le Livre des Morts Tibétain : Commentaires par Salim Michael

Le Livre des Morts Tibétain comporte un passage des plus intéressants faisant justement référence à  l’état qui est la Source Originelle d’où l’on a surgi et dans lequel on doit se tenir si l’on espère être en mesure d’affronter victorieusement le moment dramatique de la mort qui attend tout être incarné :

« … le temps est à présent venu pour toi de chercher le Sentier. Ton souffle est sur le point de cesser. Dans le passé, ton Guru t’a placé face à face avec la Claire Lumière. Et maintenant, tu es sur le point de l’expérimenter dans sa Réalité dans l’état du Bardo ; dans cet état du Bardo, toutes choses sont comme le ciel sans nuages et l’intellect immaculé et nu est pareil à une vacuité translucide sans circonférence ni centre. À ce moment, connais-toi toi-même et demeure dans cet état. »

Lorsque le texte incite le mourant à « chercher le Sentier », n’est-il pas en fait en train de lui rappeler de retrouver le chemin qui mène à ce qui doit être le plus important pour lui, son But ?

Puis, lorsqu’il parle de « la Claire Lumière », n’est-il pas en train d’évoquer la Source Originelle d’où l’être humain a surgi, la Source Énigmatique dont il a pu avoir un aperçu par le travail spirituel accompli sur lui-même et qu’il va « expérimenter dans sa Réalité », dans l’état où il va se trouver soudainement plongé après son départ de ce monde ?

Cet état est décrit comme « une vacuité translucide » qu’il est extrêmement difficile d’appréhender ordinairement, car, pour quelqu’un qui n’a effectué aucune pratique sérieuse de méditation, il est synonyme de néant, tandis que celui qui a atteint un degré d’illumination suffisamment élevé et l’a éprouvé le reconnaît comme étant sa Véritable Nature, son Essence Primordiale, sa Nature-de-Bouddha. Autrement dit, cette Vacuité qui est ténèbres et mort pour l’ignorant est Clarté et Vie pour l’illuminé ! Et, ce qui est capital, c’est qu’à la fin, le texte exhorte le mourant par ces mots : « À ce moment, connais-toi toi-même », en d’autres termes, connais ta Vraie Nature qui est la Source d’où tu as surgi, et « demeure dans cet état », l’état dans lequel tu seras réabsorbé en quittant cette existence.

Il y a là un parallèle incontestable avec les paroles du Christ à ses disciples dans l’Evangile selon Thomas : « Heureux celui qui se tiendra dans le commencement »c’est-à-dire qui restera dans l’état d’où il a surgi, « et il connaîtra la fin », autrement dit, il connaîtra l’état dans lequel il se trouvera après avoir abandonné son corps planétaire, « et il ne goûtera pas de la mort » — à condition que, comme le Livre des Morts Tibétain le stipule également, il puisse demeurer dans cet état.

Mais, si quelqu’un n’a pas consacré sa vie à chercher à se connaître (autrement dit à connaître qui il est réellement), s’il n’est pas, suite à une intense pratique de méditation, parvenu à découvrir et à comprendre ce que le Christ appelle « le commencement », en d’autres termes, la Source Originelle d’où il a émergé, et si, en outre, il n’a pas lutté, toute sa vie durant si nécessaire, pour pouvoir y rester relié, il n’acceptera pas d’être absorbé dans ce qui lui paraîtra être un vide effrayant, mais qui est en fait une vacuité emplie d’une Immense Étendue d’Êtreté-Conscience d’une Perfection Absolue, impossible à appréhender depuis le niveau de conscience ordinaire dans lequel les gens passent leur vie.

Edouard Salim Michael

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