Simone Weil : Reciter le Pater

« Je me suis imposée pour unique pratique de le réciter une fois chaque matin avec une attention absolue. Si pendant la récitation mon attention s’égare ou s’endort, fut-ce d’une manière infinitésimale, je recommence jusqu’à ce que j’aie obtenu une fois une attention absolument pure. Il m’arrive alors parfois de recommencer une fois par pur plaisir, mais je ne le fais que si le désir me pousse. »

« Parfois les premiers mots déjà arrachent ma pensée à mon corps et la transportent en un lieu hors de l’espace d’où il n’y a ni perspective ni point de vue. L’espace s’ouvre. L’infinité de l’espace ordinaire de la perception est remplacée par une infinité à la deuxième ou quelquefois à la troisième puissance. En même temps, cette infinité d’infinité s’emplit de part en part de silence, un silence qui n’est pas une absence de son, qui est l’objet d’une sensation positive, plus positive que celle d’un son. Les bruits, s’il y en a ne me parviennent qu’après avoir traversé ce silence.

« Parfois aussi, pendant cette récitation ou à d’autres moments, le Christ est présent en personne, mais d’une présence infiniment plus réelle, plus poignante, plus claire et plus pleine d’amour que cette première fois où il m’a prise. »

de La vie de Simone Weil par Simone Petrement

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