Ian Stevenson : Les enfants qui se souviennent de leurs vies antérieures

Le cas de Shamlinie Prema

Shamlinie Prema est née à Colombo, Sri Lanka, le 16 octobre 1962. Ses parents vivaient à Gonagela, à 60 kms au sud de Colombo. C’est là qu’elle fut élevée. La première chose qu’elle manifesta avant de savoir parler fut une peur terrible de l’eau.
Quand on voulait lui faire prendre un bain, elle résistait de toutes ses forces en hurlant. Elle avait aussi très peur des autobus, criait et pleurait si on devait l’y faire monter, et même en les voyant passer.
Etonnés de son comportement, ses parents pensèrent assez tôt qu’il pouvait s’agir d’un souvenir tragique d’une autre vie. effectivement, dès qu’elle sut parler, elle raconta des épisodes de son ancienne vie et surtout sa mort.
Cela se passait à Galtudawa (à 2kms environ de Gonagela). Elle disait « ma mère de Galtudawa » et parlait de ses soeurs et de deux compagnons d’école. Elle décrivait une maison notablement différente de celle qu’elle habitait à Gonagela.
Voici, d’après ses parents le récit de sa mort : « Un matin avant l’école, elle était sortie pour acheter du pain. La route était inondée. Un bus passa en l’éclaboussant et la fit tomber dans une rizière. Elle cria « Maman » en levant les bras et « tomba endormie ». Les parents de Shamlinie ne firent pas tout de suite le rapprochement avec un terrible accident qui s’était produit le 8 mai 1961 : une petite fille de onze ans Hemaseelie Guneratne habitant Galtudawa et parente éloignée des Prema (bien qu’il n’existât aucune relation entre les deux familles), s’était noyée dans des circonstances exactement semblables à celles du récit de Shamlinie.
Un jour, Shamlinie reconnut un cousin de Hemaseelie, dans une rue de Gonagela. Elle avait trois ans. Un an plus tard elle reconnut les soeurs de la petite fille noyée, également à Gonagela.
Shamlinie avait déjà demandé qu’on l’emmène voir sa « mère de Galtudawa », qu’elle comparait à sa mère actuelle, au détriment de cette dernière. Enfin, son père accepta de rendre visite aux Guneratne.
Elle rendit visite encore plusieurs fois aux Guneratne, mais, peu à peu, à mesure que ses souvenirs s’estompaient, elle y alla de moins en moins, en parla de moins en moins et à onze ans, en 1973, elle semblait avoir tout oublié.
Sa phobie de l’eau était guérie depuis l’âge de quatre ans et à huit ans, elle n’avait presque plus peur des autobus.

Ou trouve-t-on le plus de cas de réincarnation ?

Certaines parties du monde se prêtent plus que d’autres à la découverte de cas. Ce sont l’Inde (du Nord), le Sri Lanka, la Birmanie, la Thaïlande, le centre-sud de la Turquie, le Liban, la Syrie, l’Afrique occidentale et les régions nord-occidentales des Etats Unis.

J’ai trouvé également — et étudié — de nombreux cas en Europe et en Amérique du Nord (à part les tribus indiennes des régions du nord-ouest). j’en ai trouvé aussi en Amérique du Sud mais en moins grand nombre.

Le Tibet doit avoir été un foyer de nombreux cas, si j’en juge par ceux que j’ai rencontrés parmi les réfugiés tibétains qui vivent aujourd’hui en Inde. Mais les familles sont tellement dispersées qu’il est difficile de rassembler les témoins indispensables à nos enquêtes.

J’ai des raisons de croire que nous pourrions avoir un vaste champ d’études au Japon et au Laos, au Cambodge et au Vietnam. Mais le temps m’a manqué et j’ai dû limiter nos recherches aux pays dont j’ai appris à connaitre la culture.

Comme je l’ai déjà mentionné, il y a beaucoup plus de cas en Occident (Europe et Amérique du Nord) que ne l’imaginent les Occidentaux. En outre, nous avons trouvé plusieurs cas en Asie parmi les peuples dont la religion rejette l’idée de réincarnation (par exemple les chrétiens du Liban et du Sri Lanka et les musulmans sunnites de l’Inde).

Nos travaux dépendent entièrement des gens qui nous contactent pour nous signaler des cas, dont un certain nombre ne sont observés qu’à l’intérieur du cercle familial et des amis du sujet : il s’agit là généralement d’un parent décédé dont la personnalité semble s’être réincarnée dans son propre foyer. c’est ce que j’appelle un cas « privé ».

Il y a également un nombre (non recensé) de cas étouffés dans l’oeuf par les gens qui ne croient pas à la réincarnation. Les parents pensent que l’enfant raconte des sottises ou des mensonges et lui imposent silence. Mais le cas se produit aussi dans les familles où la réincarnation constitue l’essentiel de leurs croyances. Par exemple, en Inde ou en Birmanie, la tradition veut qu’il soit mauvais et même dangeureux pour un enfant d’avoir des souvenirs de sa vie précédente. Ou bien les parents ont une raison de vouloir cacher des affaires de famille dont l’enfant semble se rappeler, ou encore c’est le comportement de l’enfant qui dérange. Si l’enfant se prétend d’une caste supérieure, il humilie ses parents ; si on contraire il se dit d’une caste inférieure, il les gêne, voilà des circonstances où l’on fait taire l’enfant.//

Lorsque le cas n’est ni privé, ni tu par la famille, il arrive qu’il soit porté à ma connaissance par l’un de mes nombreux collaborateurs à travers le monde, qui me servent également d’interprètes. //

Au début de mes enquêtes, je dépendais uniquement de la presse pour me renseigner. Je suis certain que la fréquence des cas est bien supérieure à celle des rapports dans la presse. Dans les pays où je suis aidé par des personnes qui s’intéressent à nos recherches, nos schémas géographiques révèlent une densité de cas inconnus du public.

Ian Stevenson –Les enfants qui se souviennent de leurs vies antérieures

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